Une première hausse des taux d'intérêts américains avant la fin de l'année est toujours possible, a affirmé lundi un dirigeant de la Réserve fédérale lundi commentant la décision de la Fed jeudi de laisser encore les taux inchangés.

Pour Dennis Lockhart, président de l'antenne régionale de la Fed d'Atlanta, membre votant du Comité monétaire de la banque centrale (FOMC), «l'expression si souvent usitée "plus tard cette année"» pour évoquer une hausse des taux d'intérêt «est encore d'actualité».

«Une fois la normalisation en route, le rythme de hausse des taux sera graduel», a-t-il assuré.

Dans un discours à Atlanta, M. Lockhart a estimé, en parlant notamment de la volatilité sur les marchés financiers, que «dès que les choses se calmaient», il serait «prêt à entamer un premier geste de politique monétaire sur la voie d'une normalisation des taux d'intérêt».

Le Comité monétaire de la Fed (FOMC) a décidé jeudi de laisser les taux inchangés proches de zéro comme ils le sont depuis près de sept ans. Lors de sa conférence de presse, la présidente de la banque centrale Janet Yellen a cité le ralentissement de l'économie chinoise et les turbulences sur les marchés financiers pour expliquer la décision de la banque centrale de prolonger le statu quo monétaire.

Selon M. Lockhart, l'essoufflement de l'économie de la Chine ne devrait pas avoir d'impact direct important sur les exportations des États-Unis.

«Pour moi, les sources d'incertitudes qui ont nourri la volatilité des marchés financiers représentent un risque modéré pour notre économie mais un facteur de risque malgré tout», a estimé ce responsable.

M. Lockhart a fait la liste de ces éléments «d'incertitudes» débattus au cours de la réunion du FOMC. Elle comprend, outre l'affaiblissement de l'économie en Chine, le recul du prix des actions chinoises, la dévaluation du yuan, le ralentissement des économies émergentes et l'appréciation du dollar.

Comme souvent après une décision de la Fed, plusieurs responsables de la Banque centrale se sont exprimés depuis le week-end pour donner leur avis sur la réunion.

James Bullard, président de l'antenne régionale de la Fed de Saint Louis, qui n'est pas un membre votant du Comité cette année, a affirmé lundi qu'il aurait «contesté la décision».

«Il y a de puissants arguments pour justifier le fait qu'il est temps de relever les taux», a affirmé M. Bullard ajoutant que «les buts du Comité ont essentiellement été atteints» avec un taux de chômage bas (5,1%) et une inflation certes basse mais affectée par des facteurs «passagers» comme les bas prix du pétrole.

En outre, il estime que le ralentissement chinois aura un impact «relativement minime» sur l'économie américaine.

L'unique dissident du Comité monétaire, Jeffrey Lacker, de la Fed de Richmond, s'est également expliqué sur son vote de contestation samedi. Il a estimé que maintenir plus longtemps les taux proches de zéro présentait «des risques».

«Il est temps de reconnaître les progrès accomplis et d'adapter le niveau des taux en conséquence», a détaillé M. Lacker. Selon lui, «un nouveau retard marquerait la rupture avec un schéma qui a bien fonctionné dans le passé».