Les créations d'emplois aux États-Unis ont connu en mai un bond rassurant sur l'état de santé de l'économie américaine, même si le taux de chômage est légèrement remonté à 5,5%.

Le marché du travail s'est enfin débarrassé de la frilosité de l'hiver en affichant les meilleures créations d'emplois de l'année à 280 000, selon les chiffres du ministère du Travail publiés vendredi.

Le blogue de Richard Hétu »»

C'est 55 000 de plus que ce qu'escomptaient les analystes. En outre, le département du Travail a révisé en hausse de 32 000 le nombre de nouveaux emplois pour mars et avril.

Le taux de chômage quant à lui est très légèrement remonté, grignotant un dixième de point, à 5,5%. Mais cela s'explique surtout par l'arrivée de presque 400 000 nouveaux entrants sur le marché du travail, dont un peu plus d'un quart n'ont pas encore trouvé d'emploi.

«C'est le meilleur mois de l'année» en termes de gains d'emplois «alors que les salaires continuent d'augmenter, que le taux de participation au marché du travail a montré une hausse», s'est félicité Jason Furman, le président du Conseil des économistes de la Maison-Blanche.

«Nous avons ajouté 5,6 millions d'emplois au cours des deux années passées, cela correspond aux deux meilleures années d'affilée depuis 2000», a-t-il ajouté.

L'augmentation de la participation au marché du travail est traditionnellement vue comme un signe positif. Cela signifie que les gens qui restaient en marge du marché de l'emploi sont désormais incités à chercher de nouveau un travail.

À 5,5% contre 5,4% en avril -- qui était le plus bas niveau en sept ans --, le taux de chômage reste par ailleurs proche des niveaux correspondant au plein emploi. Au total, 8,7 millions de personnes sont à la recherche d'un travail aux États-Unis.

«Voilà un rapport sur l'emploi impressionnant, qui écrase les prévisions», a estimé Chris Williamson, chef économiste chez Markit. «L'économie montre des signes de rebond solide après l'accès de faiblesse du début de l'année», ajoute-t-il.

Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a en effet régressé de 0,7% en rythme annualisé de janvier à mars du fait de l'hiver rigoureux, de l'appréciation du dollar et de l'impact de la baisse des prix du pétrole sur les secteurs industriels liés à l'énergie.

Taux: septembre à nouveau sur la table

«Ce fort rythme d'embauche place fermement sur la table pour septembre une première hausse des taux d'intérêt» par la Réserve fédérale (Fed), assure encore cet économiste.

Un leitmotiv repris en choeur par de nombreux analystes même si jeudi le Fonds Monétaire International (FMI), inquiet de la basse inflation et de la volatilité sur les marchés, a jugé qu'un premier resserrement du crédit par la Fed ne serait seulement bienvenu qu'en 2016.

«Si les chiffres de l'emploi en juin sont aussi forts que le mois dernier, un relèvement des taux dès juillet n'est pas à exclure», affirme même Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.

Autre signe positif, le salaire horaire moyen, très observé par la banque centrale américaine qui voudrait voir les prix et les salaires augmenter davantage, a gagné 8 cents à 24,96 dollars.

Sur l'année, il a grimpé de 2,3%, le plus fort rythme d'augmentation depuis un an, suggérant que le dynamisme de l'économique conduit enfin les employeurs à mieux rémunérer leurs salariés, à l'embauche ou pour les garder.

Les gains d'emplois en mai sont intervenus dans un vaste éventail de secteurs, des services aux entreprises à la restauration et l'hôtellerie en passant par les services de santé.

À eux seuls, les secteurs du commerce de détail et de l'industrie des loisirs et de l'hôtellerie ont fortement rebondi, apportant 88 000 nouveaux emplois, ce qui pourrait suggérer le retour tant attendu des dépenses des consommateurs.

Seules les industries liées à l'énergie, toujours affectées par les bas prix du pétrole, ont encore détruit des emplois pour le cinquième mois d'affilée.