La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux d'intérêt inchangés proches de zéro et laissé ouvert le calendrier de leur relèvement, restant confiante quant à une croissance modérée de l'économie américaine malgré le coup de froid hivernal.

La Fed prend acte du ralentissement de la croissance cet hiver, mais l'attribue essentiellement «à des facteurs temporaires».

«Bien que la croissance de la production et de l'emploi ait ralenti au 1er trimestre, le Comité continue de prévoir (...) que l'activité économique va croître à un rythme modéré», affirme le communiqué du Comité monétaire (FOMC).

L'expansion de l'économie a ralenti à 0,2% de janvier à mars contre +2,2% au dernier trimestre 2014, du fait de l'hiver rigoureux, du dollar fort qui a handicapé les exportations et de la chute des prix de l'énergie qui a affecté les investissements industriels.

Les membres du Comité, qui ont voté à l'unanimité sur cette décision, ne donnent pas de nouvelles indications sur un calendrier d'une future première hausse des taux. Ce serait le premier resserrement du crédit en près d'une décennie alors que les taux directeurs sont maintenus à un niveau proche de zéro depuis le début de la crise financière fin 2008.

Calendrier ouvert

La Fed s'abstient d'exclure explicitement une hausse des taux à la réunion des 16 et 17 juin prochains, même si celle-ci semble désormais peu probable vu la mauvaise performance du trimestre hivernal. «Il faudrait quelque chose de très spectaculaire pour convaincre les responsables de la Fed de relever les taux en juin», selon Paul Ashworth, l'économiste en chef pour les États-Unis de Capital Economics.

Aucune date n'est exclue même lorsqu'il n'y a pas de conférence de presse prévue après la tenue d'un Comité monétaire comme en juillet ou en octobre et même en dehors de ces réunions.

La Fed a en effet effectué mercredi des tests de conférence téléphonique avec des journalistes pour montrer qu'elle en «a les capacités».

«Que ce soit bien clair. Ce test ne signale en rien une action de la Fed à l'avenir», a prudemment ajouté une porte-parole.

Dans son communiqué, le FOMC a dressé un portrait relativement négatif de l'activité économique, mais affirmé que la confiance des consommateurs demeurait forte.

Il mentionne la diminution de la croissance des dépenses de consommation ainsi que le déclin des investissements des entreprises et des exportations. Le Comité souligne toutefois que les revenus réels des ménages ont grimpé «fortement» notamment «à cause de la chute des prix de l'énergie».

Les dépenses des consommateurs, qui auraient théoriquement dû profiter du pouvoir d'achat libéré par la baisse des prix des carburants, n'ont pas été au rendez-vous jusqu'ici.

Commentant les chiffres du PIB au 1er trimestre publiés plus tôt par le ministère du Commerce, la Maison-Blanche a d'ailleurs assuré mercredi que les consommateurs qui «ont jusqu'ici épargné les gains exceptionnels issus du déclin des prix pétroliers» devraient augmenter leurs dépenses plus tard dans l'année.

La Fed remarque que l'inflation continue de rester en dessous de l'objectif de 2% qu'elle estime sain pour l'économie, mais réaffirme aussi qu'elle devrait l'atteindre progressivement.

Cela interviendra avec «l'amélioration du marché du travail et quand les effets provisoires des déclins des prix de l'énergie et des prix à l'importation se dissiperont».

La banque centrale semble insister sur le fait «que sa position n'a guère changé et que le récent ralentissement ne durera pas», a commenté Ian Shepherdson, économiste en chef de Pantheon Macroeconomics. «Quand les données économiques vont rebondir, son ton va changer», promet-il.

Un des premiers indicateurs à surveiller sera les chiffres de l'emploi pour avril qui seront publiés le 8 mai, alors que ceux du mois de mars avaient été très décevants. Les créations d'emplois avaient glissé à 126 000, leur plus faible niveau en plus d'un an.

Selon Ian Shepherdson, si les deux baromètres de l'emploi d'avril et de mai se révèlent très bons avant la prochaine réunion de politique monétaire en juin, cela pourrait remettre l'imminence d'une hausse des taux sur la table.