Le soutien monétaire exceptionnel à l'économie américaine mené par la Réserve fédérale a eu des effets «positifs significatifs» qui se manifestent «pleinement maintenant», a affirmé vendredi le numéro deux de la Fed, Stanley Fischer.

Lors d'une conférence à New York, le vice-président de la Fed a dressé un bilan positif et chiffré des actions massives d'assouplissement quantitatif (QE) alors qu'à son tour, après le Japon et les États-Unis, la Banque centrale européenne (BCE) s'engage dans cette voie.

M. Fischer a aussi relevé les défis qu'un gonflement inédit des actifs au bilan de la banque centrale américaine posait à la normalisation de la politique monétaire alors qu'on anticipe aux États-Unis «une hausse des taux d'intérêt dans le courant de cette année».

Les programmes d'achats d'actifs destinés à faire pression à la baisse sur les taux pour soutenir la reprise «ont réduit le taux de chômage d'un point et un quart (1,25) et relevé l'inflation d'un demi-point par rapport à ce qui se serait passé sans ces mesures», a assuré M. Fischer citant des études de la Fed.

Cet assouplissement monétaire a également fait tomber le rendement sur les obligations du Trésor à 10 ans de 110 points de base, selon lui.

«En outre, ces effets macroéconomiques ne se manifestent pleinement que maintenant, reflétant les décalages inhérents au mécanisme de transmission de la politique monétaire», a-t-il assuré alors que l'économie américaine affiche une solide croissance et de vigoureuses créations d'emplois.

Mais à ce prix, la Fed a accumulé quelque 4500 milliards de dollars d'actifs à son bilan, représentés par des bons du Trésor et des obligations appuyées sur des créances obligataires. Cela correspond à 26 % du PIB en valeur nominale contre 6 % en 2006 avant la crise, a-t-il affirmé. Cette accumulation «pourrait poser des risques à la stabilité financière», a-t-il admis.

M. Fischer a par ailleurs souligné que d'autres banques centrales avaient aussi alourdi leur bilan comme la Banque du Japon dont les actifs pèsent 60 % du PIB ou la Banque Nationale suisse qui a thésaurisé l'équivalent de 80 % du PIB de la nation.

«L'augmentation des actifs de la BCE a été bien plus modeste jusqu'ici, passant de 10 % du PIB en valeur nominale à plus de 20 %, mais leur programme d'assouplissement monétaire n'a pas encore commencé», a-t-il ajouté.

Il a précisé enfin que la Fed, en cherchant à diminuer progressivement ce volume d'actifs, prévoyait de cesser d'en réinvestir le principal lorsque ces titres arriveraient à échéance, ce qui représente 3200 milliards de dollars d'ici 2025, a-t-il estimé.