La Chambre des représentants des États-Unis, dominée par les républicains, a adopté mercredi plusieurs mesures qui selon la Maison-Blanche «affaibliraient et saperaient» la grande réforme financière Dodd-Frank, adoptée après la crise de 2008.

Malgré la menace d'un veto du président Barack Obama, la Chambre a approuvé un train de mesures regroupées dans un texte unique, par 271 voix contre 154, la plupart des démocrates ayant voté contre.

«Les républicains de la Chambre commencent l'année là où ils l'ont terminée: en essayant de vider de leur sens les réformes de Wall Street pour doper les bénéfices des grandes banques», a réagi la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, bête noire du secteur financier. «Nous devons renforcer les réformes financières au lieu de les affaiblir au bénéfice de Wall Street».

La loi, qui doit encore être adoptée par le Sénat, repousserait notamment de 2017 à 2019 l'obligation pour les grandes banques de se délester de certains produits dérivés, en vertu de ce qui est appelé la «règle Volcker», du nom de l'ancien président de la banque centrale américaine Paul Volcker.

La Réserve fédérale avait déjà accordé un délai aux banques en décembre, repoussant la date-butoir pour la mise en conformité jusqu'en 2017.

«Il est frappant que les grands banquiers d'affaires, connus pour leur intelligence et leur agilité à conseiller leurs clients sur la façon de restructurer leurs entreprises voire des secteurs entiers, ne soient pas capables de réorganiser leurs propres activités en plus de cinq ans», avait alors ironisé Paul Volcker, 87 ans, dans un communiqué.

Mais pour les républicains, l'urgence est de soulager le patronat de normes et réglementations qu'ils estiment coûteuses pour l'économie.

«L'économie américaine a du mal à digérer les milliers de pages de Dodd-Frank et les centaines de nouvelles réglementations, et les petits patrons et les nombreux individus qui cherchent des emplois comptent sur Washington pour alléger les réglementations», a déclaré le républicain Randy Neugebauer.