Une époque que peu de gens pouvant imaginer durant l'âge d'or pas si lointain du jeu à l'argent est arrivée à Atlantic City, au New Jersey, où deux casinos fermeront leurs portes ce week-end, et un troisième emboîtera le pas dans deux semaines.

Plus de 5000 employés perdront leur emploi au cours d'une fin de semaine sans précédent dans cette ville côtière connue pour ses jeux à l'argent, laissant plusieurs personnes avec un sentiment de trahison à propos d'un système qui promettait autrefois des emplois stables et bien payés. Le Showboat fermera ses portes dimanche, suivi par le Revel lundi et mardi. Le Trump Plaza est le prochain sur la liste, avec la fin des activités prévue le 16 septembre.

Pour ceux qui seront mis à pied, l'atmosphère est surréelle.

«Nous ne pensions jamais que cela allait se produire», affirme Chris Ireland, qui était barman au Showboat depuis son ouverture. Son épouse travaille là aussi, en tant que serveuse. Avant l'heure du souper, dimanche, les deux seront au chômage.

Ce qui est encore plus difficile à avaler est le fait que le Showboat - l'un des quatre casinos d'Atlantic City appartenant à Caesars Entertainment - est toujours rentable. Mais l'entreprise a dit aller de l'avant pour réduire le nombre total de casinos dans la ville. Caesars a également fait équipe avec Tropicana Entertainment pour acheter l'Atlantic Club en décembre dernier et le fermer en janvier.

«Ils veulent simplement éliminer la concurrence, poursuit M. Ireland. Tout le monde est en faveur d'un libre marché, jusqu'à ce que cela ne fonctionne plus parfaitement pour eux.»

Malgré tout, plusieurs analystes et dirigeants de casinos estiment que la pénible contraction réduisant actuellement le marché des casinos de la ville est exactement ce dont Atlantic City a besoin pour survivre. Depuis 2006, les revenus des casinos de la ville ont chuté de 5,2 milliards $ US à 2,86 milliards $ US, et continueront leur déclin cette année. Atlantic City terminera l'année avec huit casinos, après avoir débuté 2014 avec 12 établissements.

Les nouveaux casinos faisant leur apparition dans un marché du Nord-Est américain déjà saturé ne développe pas le marché, mais redivisent plutôt celui-ci en parts plus petites. Un moins grand nombre de casinos pourrait entraîner une amélioration des résultats financiers de ceux qui restent.

Lorsque le Trump Plaza fermera dans deux semaines, près de 8000 personnes - ou le quart de la main-d'oeuvre du secteur dans la ville - sera sans emploi. Une démarche d'inscription au chômage devant débuter mercredi est si importante que le centre des congrès de la ville a été réservé à cette fin.

Lorsque le jeu à l'argent a été approuvé par les électeurs du New Jersey en 1976, cela a été présenté comme une manière de revitaliser Atlantic City et d'offrir des emplois stables et à long terme. Le premier casino, Resorts, a ouvert en 1978, ouvrant la voie à 30 ans de croissance des revenus et de baisse du chômage.

Mais la récession a frappé alors que de nouveaux casinos ouvraient dans les États voisins de Pennsylvanie et de New York, réduisant d'autant le bassin de clients d'Atlantic City.

Le maire Don Guardian affirme que sa ville se repositionne comme une destination plus polyvalente, où le jeu n'est qu'un des aspects, mais il reconnaît toutefois que la fin de semaine sera pénible.

«Les prochaines semaines seront difficiles pour nous à Atlantic City. Des gens vont perdre leur emploi, et cela n'est jamais une bonne nouvelle. Nos pensées vont aux voisins et aux amis. Nous avons encore des eaux difficiles à franchir.»