Le Comité monétaire de la banque centrale américaine (Fed) s'est montré divisé sur les progrès de l'économie des États-Unis, notamment du marché de l'emploi et sur le rythme d'un retour à une politique monétaire «normale», selon les minutes de la dernière réunion de la Fed publiées mercredi.

Au cours de cette réunion des 29 et 30 juillet, les membres du Comité (FOMC) «ont continué leur discussion (...) sur une éventuelle normalisation de la politique monétaire», alors que la Fed maintient ses taux directeurs proches de zéro depuis plus de cinq ans.

Une majorité de participants estiment que le marché de l'emploi est encore «sous-utilisé» avec notamment de nombreux postes à temps partiel et beaucoup de travailleurs découragés ne s'inscrivant plus au chômage, comme l'avait indiqué le Communiqué officiel du Comité (FOMC). Celui-ci avait répété qu'une politique monétaire «hautement accommodante» était donc encore nécessaire «pendant une période de temps considérable».

Mais, selon les minutes, certains affirment que l'emploi a fait suffisamment de progrès pour envisager un retour, plus tôt que prévu, à une politique monétaire moins libérale. «Les participants n'étaient pas du même avis sur le degré de sous-utilisation du marché du travail», indique le compte-rendu.

Le taux de chômage était de 6,1% pour juin au moment de la réunion avant de remonter à 6,2% pour juillet.

Le rapport signale aussi que certains sont «de moins en moins en accord avec le message d'orientation monétaire» qui prévoit des taux bas «pour une période de temps considérable».

Jusqu'ici les analystes estimaient que la première hausse des taux directeurs de la Fed interviendra vers le milieu de 2015.

«De nombreux participants» estiment «qu'il serait approprié de commencer à réduire plus tôt que prévu la politique monétaire très accommodante».

Un seul membre du Comité, Charles Plosser de la Fed de Philadelphie, avait voté contre le message d'orientation de politique monétaire. Mais les minutes révèlent qu'il n'était pas le seul à entrer dans le débat.

Certains membres «suggèrent que ce message devrait communiquer plus clairement comment la politique monétaire va répondre à l'évolution des données économiques», ajoute le rapport.

Tous les participants reconnaissent en outre que l'inflation se rapproche de l'objectif à moyen terme de l'objectif de la Fed (2%). Elle se situait en juillet à 1,6% selon l'indice PCE, très observé par la banque centrale.

La réunion a également évoqué la stratégie de sortie des mesures de soutien exceptionnel à la reprise.

Une fois les achats d'actifs terminés -- a priori en octobre si leur réduction se poursuit comme prévu--, la majorité du FOMC est d'accord pour cesser de réinvestir le principal de ces titres quand ils arrivent à échéance. Il s'agit de réduire à terme le montant des réserves qui se sont accumulées au bilan de la banque centrale à la faveur de sa politique monétaire généreuse.

Ce débat sur la santé du marché de l'emploi et ses conséquences sur la politique monétaire américaine pourrait se prolonger vendredi à Jackson Hole (Wyoming) où s'ouvre le symposium académique annuel des banquiers centraux avec la participation de la présidente de la Fed, Janet Yellen. Le thème de la conférence est précisément consacré à «la réévaluation des dynamiques du marché du travail».

«La réunion de Jackson Hole pourrait clarifier ce que la Fed a l'intention de faire pour remplir son double-mandat» qui est de promouvoir la stabilité des prix et un maximum d'emploi, commentait Gary Thayer, économiste pour Wells Fargo Advisors.

«Il y a actuellement une division au sein de la Fed entre ceux qui pensent qu'elle devrait prévenir les bulles financières» en relevant les taux plus tôt et «ceux qui estiment qu'elle devrait se concentrer sur son objectif du plein emploi, surtout lorsque l'inflation et les hausses de salaires sont bien contenues», a-t-il ajouté.