La croissance économique des États-Unis, redevenue «modérée», pourrait être mise à mal par une escalade des tensions en Ukraine, signalent les minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale (Fed) publiées mercredi.

S'agissant de l'économie américaine, les récents indicateurs «montrent un rebond et suggèrent que l'économie est sur la trajectoire d'une croissance modérée», indique ce compte-rendu de la réunion des 29 et 30 avril.

Toutefois il est encore «trop tôt pour confirmer si ce rebond va mettre l'économie sur un rythme d'expansion supérieur à sa tendance», se sont interrogés les gouverneurs de la Fed qui ont évalué, au cours de leur discussion, «les options pour une normalisation de la politique monétaire».

Ainsi, ils ont examiné «la combinaison d'outils» à leur disposition pour agir sur les taux d'intérêt à court terme (intérêts sur les réserves excédentaires, opération de prises en pension), «quand cela sera approprié».

Mais «aucune décision concernant cette normalisation» de la politique monétaire «n'a été prise» et les discussions sur ces options «continueront au cours des prochaines réunions», ce qui confirme qu'un relèvement des taux est loin d'être imminent.

La Fed examine cette panoplie d'outils pour s'assurer que quand il sera temps de resserrer le crédit, les taux des marchés suivront son impulsion même si les banques auront encore une profusion de réserves excédentaires.

Les participants se sont aussi interrogés sur la durée pendant laquelle la Fed devra conserver et réinvestir dans les bons du Trésor et titres hypothécaires qu'elle a acquis dans le cadre de sa politique d'assouplissement monétaire.

Même si ces achats d'actifs, en réduction depuis le début de l'année, s'arrêtent à l'automne, le fait de conserver les titres et d'en réinvestir le principal continue de constituer une forme de soutien monétaire.

À travers ses différents programmes d'expansion monétaire depuis la crise, la Fed a accumulé pour plus de 4000 milliards de dollars de titres à son bilan, une situation inédite.

Plusieurs membres du Comité monétaire de la Fed (FOMC) ont souligné qu'à l'étranger un éventuel «accroissement des tensions géopolitiques concernant la Russie et l'Ukraine» ou encore un nouveau ralentissement de l'économie en Chine pouvaient présenter des risques pour l'économie américaine.

Après une relative période d'accalmie, l'Ukraine organise dimanche une élection présidentielle que les séparatistes prorusses menacent de perturber sous l'oeil bienveillant de Moscou.

Un autre facteur de risque pour la croissance économique serait «un ralentissement persistant du marché immobilier», ont encore estimé les membres de la Fed.

Ils ont également examiné les risques pour la stabilité financière notant avoir décelé des pressions «à la hausse dans la valorisation de certains segments du marché boursier».

Toutefois, ils ont noté que le prix des actions des sociétés de technologie et de réseaux sociaux «qui avaient augmenté bien plus vite que le reste du marché l'année passée sont redescendus (...) pour être davantage conformes» à l'évolution des autres indices.

Les hausses des salaires vont rester «relativement modestes» pendant quelque temps, affirment encore les membres du Comité qui espèrent un retour de l'inflation à 2% «dans les très prochaines années», bien que certains soient plus pessimistes.