L'économie américaine, qui a calé au premier trimestre, semble se réveiller au printemps: plusieurs indicateurs publiés cette semaine donnent des signes positifs, même du côté de l'inflation.

Les indicateurs avancés de l'activité manufacturière à New York et Philadelphie en mai ont montré le dynamisme de ces deux régions, et les départs de nouveaux chantiers en avril font espérer un rebond de l'immobilier, tandis que l'inflation frémit.

Alors qu'au premier trimestre, la croissance n'est ressortie qu'à 0,1%, les États-Unis faisant encore moins bien que la zone euro (+0,2%), la plupart des analystes s'attendent à un rebond de l'activité au-dessus de 3% d'avril à juin.

Une des meilleures surprises d'avril a été le rebond vendredi des mises en chantier de logements, qui ont atteint un plus haut en sept mois à +13,2%.

«On cherchait des preuves que c'était l'hiver rigoureux qui était la cause de l'atonie économique, voilà que la vive hausse des mises en chantier semble les apporter», note l'économiste indépendant Joel Naroff.

Derrière cette hausse à deux chiffres s'inscrit toutefois une nette domination --déjà observée depuis plusieurs mois-- de la construction de logements collectifs (+43%) au détriment des maisons individuelles.

Le dynamisme-surprise en avril des départs de chantier est interprété comme «un bon signe pour l'emploi dans le bâtiment et pour l'activité» par Jay Morelock de FTN Financial mais, selon lui, cela «ne témoigne pas d'une amélioration des finances des ménages».

Avec la hausse des prix des maisons individuelles et les progrès modestes des conditions du marché du travail, «la meilleure solution pour les familles est de louer», explique Stephanie Karol, économiste à IHS Global Insight.

Les prix des logements à la vente sont en hausse de près de 13% sur un an, selon l'indice Case-Shiller, mais depuis l'automne le marché immobilier a montré des signes de faiblesse au point que le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) s'est inquiété de cette «lenteur» lors de sa dernière réunion fin avril.

Pour le mois de mai, les indicateurs avancés de l'activité manufacturière se sont bien comportés, surtout dans la région de New York où l'indice Empire State a fait un bond spectaculaire à 19 points après 1,3 point en avril, et dans une moindre mesure dans celle de Philadelphie qui maintient un rythme élevé à 15,4 points (après 16,6 en avril).

La production industrielle s'est repliée de 0,6% en avril mais cela s'explique surtout par un recul de la production des services publics comme l'électricité.

Une autre surprise de taille a été l'accélération de l'inflation qui apparaît sur le chemin de l'objectif de 2% de la Réserve fédérale.

L'indice des prix à la consommation s'est fortifié à +0,3% en avril après des hausses plus modestes de janvier à mars. A 2% en rythme annuel, l'inflation atteint son plus haut niveau en neuf mois.

Mais certains sont sceptiques sur l'élan de la hausse des prix alors que d'autres y voient le signe d'une accélération de l'activité. «L'inflation ne va pas durer», assure Chris Low, chef économiste pour FTN Financial.

Il met en avant le poids des mauvaises récoltes agricoles et de la crise en Ukraine dans la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie, plutôt que celui de la demande.

Pour Gary Thayer, de Wells Fargo Advisors, «la faible croissance mondiale continue d'atténuer les pressions inflationnistes», comme on peut le voir dans le repli des prix des produits importés en avril (-0,4%).

Ce n'est pas l'évolution des salaires qui va contredire cette logique puisque le salaire horaire moyen a perdu 0,3% en avril et 0,1% sur un an.

Le moral des ménages a aussi flanché de façon inattendue en mai, selon l'indice de l'Université du Michigan publié vendredi.

«Le problème, c'est que les dépenses obligatoires mensuelles augmentent comme le loyer, la nourriture et l'essence tandis que les salaires ne suivent pas», explique Jay Morelock qui craint qu'une décrue des dépenses discrétionnaires n'affecte la consommation, moteur de l'économie américaine.

«Gardez un oeil sur les salaires, s'ils ne progressent pas, la croissance aura du mal à s'affirmer au deuxième trimestre», assure cet expert.