La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) apparaît déterminée à poursuivre la réduction «à pas mesurés» de son aide monétaire à l'économie américaine, ni les chiffres décevants de l'emploi, ni les turbulences sur les marchés émergents ne la faisant dévier de son cap.

«Si l'économie continue de se développer conformément aux prévisions, de nouvelles réductions seront adoptées à pas mesurés», ont estimé les membres du Comité de politique monétaire (FOMC), selon les minutes de leur réunion des 28 et 29 janvier publiées mercredi.

Au cours de cette réunion, le FOMC, invoquant une accélération de la croissance américaine au deuxième semestre 2013, avait réduit pour la deuxième fois les injections de liquidités de la Fed dans le système financier de 10 milliards de dollars pour les porter à 65 milliards par mois.

Les chiffres décevants du chômage en décembre, avec des créations d'emplois médiocres, n'avaient pas ébranlé les participants qui y avaient discerné «une anomalie, probablement due aux conditions météorologiques».

Pourtant à la lumière de la reprise, «quelques participants» se sont interrogés «sur l'opportunité de relever les taux d'intérêt relativement tôt», estimant que le taux d'intérêt réel moyen s'était apprécié. Deux d'entre eux ont même évoqué un relèvement des taux «dès le milieu de cette année», précisent les minutes.

C'est la première fois depuis des mois que plusieurs membres du Comité évoquent la possibilité d'une remontée des taux plus rapide qu'envisagé jusqu'ici.

La Fed qui maintient son taux directeur proche de zéro depuis fin 2008, a promis qu'il resterait à ce niveau «bien après» que le taux de chômage décline sous 6,5%. La plupart des membres n'entrevoyaient pas jusqu'ici de hausse des taux avant la deuxième moitié de 2015.

Les membres votants du FOMC ont approuvé à l'unanimité la poursuite d'une réduction des achats d'actifs à l'issue de cette réunion, la dernière présidée par Ben Bernanke.

Tous se sont montrés aussi d'accord pour commencer à changer le message d»'orientation de politique monétaire» de la Fed, très surveillé par les marchés. En tombant à 6,6% en janvier, le taux de chômage se rapproche du seuil de 6,5% qu'avait évoqué la Fed il y a plus d'un an comme un seuil préalable à une éventuelle augmentation des taux. La réflexion est engagée mais le message cherchant à donner un indice clair sur les intentions de la Fed n'est pas encore trouvé.

Certains membres proposent d'adopter un nouveau seuil «quantitatif» comme une nouvelle limite pour le taux de chômage au-dessous de laquelle la Fed pourrait agir. D'autres préconisent une approche «qualitative» mettant en avant plusieurs facteurs pour signaler l'imminence d'une future hausse des taux. D'autres enfin estiment que les signes de risques financiers, voire de bulle financière, devraient apparaître dans la liste des facteurs d'un changement de politique monétaire.

Une chose est sûre, relève Paul Ashworth, économiste pour Capital Economics: «l'orientation de la politique monétaire va changer».

Les participants ont également insisté sur la nécessité de prendre en compte d'autres indicateurs du marché de l'emploi que le classique taux de chômage, en observant par exemple l'évolution de la participation de la population au marché du travail ou la proportion d'emplois à temps partiel.

Le bas niveau d'inflation (1,1% sur un an, selon l'indice PCE) «pourrait poser des risques» pour la performance de l'économie, se sont inquiétés certains des membres du FOMC. Mais une majorité ont estimé que la hausse des prix devrait retrouver le niveau souhaité de 2% à moyen terme.

Alors que le communiqué du FOMC s'était gardé de commenter les turbulences qui agitaient les monnaies de plusieurs pays émergents fin janvier, les membres du comité ont plusieurs fois évoqué le sujet au cours de cette réunion.

Ils ont estimé «que les effets de la récente volatilité (sur les monnaies des pays émergents) n'ont pas été suffisamment forts pour perturber les perspectives économiques de ces pays et que la contagion sur les États-Unis sera probablement modeste».

Toutefois, les participants étaient d'accord pour affirmer que cette volatilité «devait être surveillée de près, y compris la situation financière du gouvernement de Porto Rico».

Ce territoire américain plombé par une dette abyssale, est au bord du défaut de paiement.