La Réserve fédérale américaine (Fed) termine mercredi une réunion de politique monétaire à l'issue de laquelle elle devrait annoncer la poursuite de ses mesures ultra-accommodantes pour soutenir une économie mise à mal par le blocus budgétaire, de l'avis d'une majorité d'analystes.

«La fermeture des services administratifs pendant deux semaines signifie qu'il est quasi-certain que la Fed laisse ses achats d'actifs inchangés», estime Paul Ashworth, de la société d'analyses économiques Capital Economics.

«Nous pensons que la Fed va retarder au mois de mars 2014 la réduction de son aide», indiquent pour leur part les analystes de Barclays Research.

Pour influer sur les taux à la baisse et favoriser la reprise, la Fed achète chaque mois pour 85 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres liés à des emprunts hypothécaires. Ces injections de liquidités dans le circuit financier se montent désormais à 850 milliards de dollars depuis le début de l'année et pourraient dépasser 1300 milliards de dollars, si elles se poursuivent jusqu'en mars, calcule Paul Ashworth.

La Fed maintient par ailleurs son taux directeur proche de zéro depuis fin 2008 et s'est engagée à le faire tant que le chômage ne descendrait pas sous 6,5%. Il se situait en septembre à 7,2%.

Lors de la précédente réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) en septembre, tous les acteurs sur les marchés s'attendaient à ce que la Fed amorce la réduction tant annoncée de ses injections de liquidités. Mais à leur grande surprise, anticipant un gel partiel de l'administration du fait du bras de fer sur le budget avec le Congrès, la Fed avait préféré maintenir le statu quo, choisissant d'«attendre davantage de preuves de la reprise».

Six semaines plus tard, ces preuves ne sont pas encore là, estiment les analystes et le manque de visibilité de l'évolution de l'activité a été renforcé par la fermeture des services administratifs pendant 16 jours du 1er au 17 octobre.

Les créations d'emplois pour septembre ont été décevantes, à 148.000. La confiance des consommateurs, mesurée par l'indice de l'Université du Michigan comme par le Conference Board, a plongé, ébranlée par la paralysie du gouvernement. «Un mauvais signe» avant la saison des ventes de fin d'année, souligne Chris Christopher, d'IHS Global Insight.

Les ventes au détail ont fait pâle figure (-0,1%) tandis que la production manufacturière demeure anémique (+0,1%). Quant aux promesses de ventes de logements, signe anticipé de l'activité du marché immobilier qui tire actuellement la croissance, elles ont nettement marqué le pas (-5,6% en septembre), ralenties par un raffermissement des taux d'intérêt immobiliers.

Dans son dernier rapport de conjoncture, le Livre beige paru à la mi-octobre, la Fed a décrit une expansion «modeste à modérée» avec «une incertitude grandissante» dans les milieux d'affaires «du fait de la fermeture de l'administration et du débat sur la dette».

La fermeture du gouvernement aura «un impact notable sur la croissance à court terme», ont averti les analystes de Nomura. Et l'accord conclu in extremis au Congrès n'est que provisoire, prolongeant la loi budgétaire jusqu'au 15 janvier et relevant le plafond de la dette jusqu'au 7 février.

«Les tactiques guerrières vont continuer (...) et il n'est pas évident que nos élus aient tiré les leçons de la fermeture des services fédéraux», déplore l'analyste indépendant Joel Naroff qui craint une répétition du scénario du blocus budgétaire.

La Réserve fédérale tient encore deux réunions en décembre (17-18) et en janvier (24-25) sous la houlette de Ben Bernanke avant que Janet Yellen ne prenne les rênes de l'institution.