La crise sur le budget et le plafond de la dette au Congrès, dont la solution paraissait imminente mercredi soir, a commencé à affecter l'élan déjà poussif de l'économie américaine, a noté la banque centrale américaine.

Dans son Livre Beige, un rapport de conjoncture qu'elle publie toutes les six semaines environ, la Réserve fédérale a noté mercredi que l'économie des États-Unis avait poursuivi son expansion de façon «modeste à modérée» du 26 août au 7 octobre.

Mais les entreprises et milieux d'affaires ont signalé «une incertitude grandissante du fait de la fermeture de l'administration et du débat sur la dette», précise la Fed dans ce document.

Ce rapport prend en compte la première semaine où les services administratifs du pays ont été fermés en raison de l'absence d'un accord sur le budget au Congrès. L'administration est paralysée depuis le 1er octobre.

Le Livre beige «apparaît refléter des inquiétudes à court terme sur la fermeture du gouvernement et l'incertitude budgétaire, inquiétudes qui devraient se dissiper quand le Congrès aura trouvé un accord», soulignait Joseph LaVorgna, économiste de Deutsche Bank.

Sur les 12 régions de la Réserve fédérale, huit rapportent le même niveau de croissance que précédemment, alors que l'expansion a ralenti dans quatre autres régions, autour de Philadelphie, Richmond, Chicago et Kansas City.

Globalement, les acteurs économiques se disent «prudemment optimistes» quant aux perspectives de l'économie du pays.

C'est la quatrième fois d'affilée que ce rapport qualifie de «modeste à modéré» le rythme d'expansion de l'économie américaine. De nombreux économistes s'attendent à une croissance du PIB des États-Unis autour de 1,8% pour le troisième trimestre, de juillet à septembre.

A deux semaines d'une prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) les 29 et 30 octobre, ce Livre beige, constitué de données anecdotiques collectées sur le terrain par les antennes régionales de la Fed,  est aussi l'un des rares documents officiels à rendre compte de l'état de l'économie pour cette période. Depuis la fermeture partielle des services administratifs fédéraux en effet, intervenue le 1er octobre, presque tous les indicateurs économiques ont cessé de paraître.

La croissance de l'emploi est restée «modeste», et certains employeurs ont souligné «les incertitudes autour de l'application de la loi sur l'assurance santé mais aussi autour du débat budgétaire».

La consommation des ménages a continué de progresser et les détaillants restent optimistes pour la saison des fêtes. L'activité des voyages et du tourisme a continué de croître même si certaines régions comme Boston et Richmond soulignaient l'impact de la fermeture de sites touristiques du fait du gel partiel des services fédéraux.

Le tourisme était aussi affecté dans le Colorado par les importantes inondations qu'a connues la région.

Les investissements manufacturiers ont légèrement progressé.

Dans l'immobilier, la construction résidentielle a augmenté davantage que l'immobilier non-résidentiel. Certains promoteurs s'inquiètent de la hausse des taux d'intérêt immobiliers mais d'autres suggèrent que cela dynamise au contraire l'activité, les acheteurs se pressant de faire une acquisition avant que les taux n'augmentent davantage.

Le secteur financier était inchangé, les prêts à la consommation s'affaiblissant un peu tandis que sur le front des prêts immobiliers, la conjoncture était «mitigée». Plusieurs régions enregistraient une baisse des demandes de nouveaux prêts comme des refinancements tandis que dans des régions comme celle de Philadelphie, Richmond et Dallas, les demandes de prêts continuaient de progresser.

Le taux moyen sur les prêts à 30 ans se situait à 4,42% mercredi, selon une enquête de Bankrate contre 3,52% début mai.

Les ventes automobiles restaient «fortes» dans l'ensemble, particulièrement dans la région de New York.

La tension sur les prix est restée «limitée», la plupart des régions notant seulement de faibles hausses des matières premières. La pression sur les salaires demeurait également modeste.