Le G20 a nommément pointé du doigt les États-Unis vendredi en appelant Washington à agir «d'urgence» pour régler sa crise budgétaire qui perturbe l'économie mondiale.

«Les États-Unis doivent agir d'urgence pour régler leurs incertitudes budgétaires à court terme», indique le G20-Finances dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Washington.

Les problèmes et les hésitations de la première économie mondiale ont été sur les lèvres de l'ensemble des leaders économiques mondiaux qui se sont réunis cette semaine à Washington à l'occasion des assemblées générales du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Frappés de paralysie budgétaire depuis onze jours, les États-Unis affolent la planète finance en raison du blocage entre démocrates et républicains sur le relèvement du plafond de la dette, au risque de provoquer un défaut de paiement du pays.

Le dialogue entre les deux camps a été renoué vendredi mais le règlement du conflit restait encore flou.

«Nous avons confiance dans l'administration (américaine) et le Congrès pour arriver à une solution mutuellement acceptable», a commenté le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, président sortant du G20.

Un peu plus tôt dans la matinée, lors d'une session de travail diffusée par erreur dans la salle de presse du FMI, M. Siluanov avait appelé les États-Unis à trouver une solution «au plus vite» et s'était montré moins optimiste, disant ne pas voir de «perspective» de règlement à court terme.

«Le Japon veut que ce problème soit résolu une fois pour toutes, et sans retard», a pour sa part déclaré à la presse à Washington Taro Aso, vice-premier ministre.

Le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew a mis en garde contre l'impact de cette crise sur l'image des États-Unis dans le monde.

«Les États-Unis jouent un rôle central dans le système financier international (...) Mais les États-Unis ne peuvent pas prendre cette réputation obtenue de haute lutte pour acquis», a-t-il précisé dans un communiqué.

Sur la perspective de la fin programmée de la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale qui perturbe certains pays émergents, les ministres de l'Économie et des Finances et les banquiers centraux ont répété leurs déclarations habituelles.

Ils souhaitent toujours que les «changements futurs» dans les politiques monétaires continuent à être «prudemment calibrées» et à faire l'objet d'une communication «claire».

Anticipant le nouveau cap de la Fed, les investisseurs ont pendant l'été soudainement retiré leurs capitaux des pays émergents, faisant plonger leur devise et les privant d'une source de financement crucial.

«Protéger la reprise»

«Il est essentiel de protéger la reprise encore fragile de l'impact du désengagement des politiques de soutien monétaire non conventionnelles», a déclaré dans un communiqué le gouverneur de la Banque centrale du Brésil, Alexandre Trombini.

«Nous sommes également inquiets de la fin des mesures monétaires non conventionnelles», avaient assuré plus tôt vendredi les banquiers centraux africains dans un communiqué, mettant en garde contre un «déraillement de la reprise mondiale».

Le G20 a aussi relevé la persistance de «risques de dégradation» de l'économie mondiale, citant notamment le niveau «inacceptable» du taux de chômage dans «beaucoup de pays».

En début de semaine, le Fonds a d'ailleurs abaissé ses prévisions de croissance mondiale et décrit une reprise encore fragile.

Les grands argentiers de la planète ont également réaffirmé leur engagement à garantir la «viabilité» de leurs finances publiques alors que la dette des pays riches devrait atteindre un record en 2014, selon le FMI.

Les États-Unis ont également été montrés du doigt pour leur incapacité à ratifier la réforme de la gouvernance du FMI au profit des émergents.

Le texte, voté en 2010, n'attend que le feu vert américain pour entrer en vigueur, le G20 appelant à le ratifier de manière urgente.

Le G24, réunion des pays émergents, n'a pu, jeudi, que déplorer «profondément» que cette réforme ne soit pas entrée en vigueur.

M. Lew a dit «travailler activement» avec le Congrès pour faire ratifier la réforme.