Nommée à la tête de la Banque centrale américaine, Janet Yellen, 67 ans, devient la première femme à devenir ce que Barack Obama considère comme «l'un des plus importants dirigeants politiques au monde».

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Si c'est une première pour la Banque centrale des États-Unis, l'Amérique n'est pourtant pas une pionnière en la matière.

Selon le site CentralBankNews.info, tenu par l'ancien journaliste économique Peter Nielsen, quelque 14 femmes figurent parmi les quelque 180 présidents de banques centrales dans le monde.

L'Argentine, la Russie ont ainsi déjà innové en nommant des femmes à la tête de la principale institution monétaire de leur pays, de même que plusieurs pays d'Afrique (du Cameroun au Botswana) et d'Amérique latine (Honduras, Salvador).

Aux États-Unis, la première femme à avoir fait son entrée dans le cénacle très masculin du Comité qui décide de la politique monétaire du pays (FOMC) a été Nancy Teeters, nommée gouverneur en 1978 par Jimmy Carter.

À la Cour suprême, une autre institution fondatrice du pays, la première femme à rejoindre les neuf juges de la plus haute cour américaine a été Sandra O'Connor en 1981.

Aujourd'hui trois femmes y siègent: Ruth Bader Ginsburg, Sonia Sotomayor et Elena Kagan.

Depuis 1978, une douzaine de femmes ont rejoint la Fed, soit comme gouverneur (huit), soit comme présidente d'une des douze banques de réserve régionale (cinq).

Mme Yellen a appartenu aux deux corps, comme gouverneur de 1994 à 1997, puis comme présidente de l'antenne de San Francisco de 2004 à 2010 et comme vice-présidente du directoire depuis 2010.

«Arguments sexistes»

Outre Mme Yellen, il ne reste actuellement parmi les femmes au sein de la Fed qu'Esther George, présidente de la Banque de Kansas City.

Trois autres membres féminins sont en effet sur le départ: Sarah Raskin, gouverneur, rejoint le Trésor, tandis qu'Elizabeth Duke vient d'achever son mandat de gouverneur et que Sandra Pianalto, de la banque de Cleveland, a annoncé son départ à la retraite.

La perspective de la nomination d'une femme à la tête de la Banque centrale avait réalimenté le débat entre les sexes au plus fort de la course, lorsque Janet Yellen était au coude à coude avec un autre poids lourd des cercles économiques, l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers.

Tenu pourtant pour être le favori de la Maison-Blanche, celui-ci a finalement abandonné la course à la mi-septembre, contesté pour sa personnalité cassante, ses liens étroits avec Wall Street et ses positions passées en faveur de la dérégulation des marchés.

«Yellen est clairement la personne la mieux placée pour cette fonction face à tout autre candidat, homme ou femme», écrivait sur son site la grande association de défense des droits des femmes NOW (National Organization for Women), appelant ses membres à écrire à Barack Obama pour la soutenir.

Une ancienne responsable de l'autorité de régulation bancaire FDIC, Sheila Bair, avait même dénoncé sur la chaîne CNBC «une horrible campagne de chuchotements» contre Mme Yelen teintée «d'arguments sexistes».

Comme trop conscient de marcher sur des oeufs, le président Barack Obama avait commis un lapsus en évoquant les candidats au poste devant la presse cet été:  «Monsieur Summers et Monsieur Yellen... euh, Madame Yellen», s'était-il repris.