Le président Barack Obama a affirmé vendredi qu'il ne négocierait pas avec les «extrémistes du Congrès» sur le budget pour éviter une fermeture des services fédéraux dans quatre jours, l'absence de négociations faisant craindre une confrontation jusqu'à la dernière minute.

«Les républicains de la Chambre sont si pressés de faire plaisir au Tea Party qu'ils ont menacé de fermer l'État fédéral ou pire si je n'abroge pas la loi sur la santé ou lui coupe les fonds. Je l'ai dit hier, et je le répète: cela n'aura pas lieu», a-t-il déclaré à la Maison-Blanche, après avoir annoncé avoir eu une conversation téléphonique historique avec son homologue iranien Hassan Rohani.

M. Obama «négocie avec l'Iran, Poutine, mais pas le Congrès», a immédiatement répliqué sur Twitter Kevin Smith, un conseiller du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner. Le camp républicain a aussi noté que M. Obama n'avait pas appelé M. Boehner de la semaine.

«La Chambre agira pour refléter le fait fondamental que les Américains ne veulent ni la fermeture de l'État ni le désastre que représente "Obamacare"», a déclaré le porte-parole de M. Boehner, Brendan Buck, en utilisant le surnom de la réforme du système de santé de Barack Obama.

Les agences fédérales s'apprêtaient à ordonner la mise en congés sans solde de tout leur personnel non essentiel à partir de mardi 1er octobre, début de l'exercice budgétaire 2014, à moins d'un vote de chacune des deux chambres du Congrès pour financer l'État fédéral au-delà du lundi 30 septembre, 23h59.

Les démocrates, majoritaires au Sénat, et les républicains, qui contrôlent la Chambre, s'accordent sur le principe d'une mesure «bouche-trou» de quelques semaines, afin de se donner du temps pour négocier des réformes structurelles.

Mais les républicains, aiguillonnés par l'aile ultra-conservatrice proche du Tea Party, exigent que cette simple mesure temporaire coupe les financements d'«Obamacare». Votée en 2010, la réforme emblématique du premier mandat de M. Obama commence à s'appliquer pour les Américains démunis de couverture maladie à partir du 1er octobre.

Les sénateurs ont approuvé vendredi un texte qui finance l'État fédéral jusqu'au 15 novembre, y compris la loi sur la santé.

La Chambre devrait revoter samedi ou dimanche, mais M. Boehner n'a pas dit sur quoi. Les républicains proposeront-ils une extension d'une seule semaine? Supprimeront-ils à nouveau les crédits de la loi sur la santé, ou reporteront-ils d'un an son application?

Toute nouvelle modification devra être approuvée par le Sénat, un défi de calendrier car les procédures y imposent souvent plusieurs jours de délai avant un vote final.

Une impasse conduirait à la fermeture de tous les parcs et musées du pays et à la réduction au minimum vital des effectifs des administrations. Même le Pentagone serait affecté: les 1,4 million de militaires continueraient à travailler mais cesseraient temporairement d'être payés, tandis qu'environ la moitié des près de 800.000 employés civils de la Défense seraient mis en congés sans solde.

Les économistes estiment qu'une fermeture prolongée des agences fédérales raboterait la croissance du dernier trimestre 2013, et Wall Street a achevé la semaine dans le rouge, gagnée par l'angoisse d'un blocage prolongé.

Une seconde échéance guette le Congrès avec le relèvement nécessaire du plafond de la dette d'ici le 17 octobre. Sans vote du Congrès, les États-Unis pourraient déclarer le premier défaut de paiement de leur histoire.

«Je ne négocierai pas sur la responsabilité qui est celle du Congrès de payer les factures qui ont déjà été accumulées. Voter pour autoriser le Trésor à payer les factures de l'Amérique, ce n'est pas me faire une concession ou une faveur. Il s'agit de la responsabilité solennelle des élus», a prévenu M. Obama.

Fed: l'incertitude budgétaire est un risque pour l'économie

La politique budgétaire américaine présente un risque pour l'économie des États-Unis et pourrait avoir un impact négatif sur la croissance au quatrième trimestre et en 2014, a estimé vendredi le président de l'antenne de New York de la Fed, William Dudley.

«La politique budgétaire pourrait placer de nouvelles restrictions sur l'économie d'ici la fin de l'année et en 2014», a affirmé M. Dudley dans un discours à l'université de Syracuse (New York). «Il est difficile de quantifier la contraction de l'économie due aux coupes budgétaires qui sont déjà intervenues et celles à venir» a-t-il ajouté.

M. Dudley a aussi mentionné «le haut degré d'incertitude» dû au débat budgétaire: «dans les semaines qui viennent, le Congrès va examiner comment financer le gouvernement pour la prochaine année fiscale et va débattre du plafond de la dette». Ces incertitudes peuvent «restreindre la consommation des ménages comme des entreprises», a-t-il estimé.

Un bras de fer entre le Congrès et l'administration Obama sur le budget et sur la dette fait craindre de façon imminente une fermeture partielle des services de l'État fédéral.

Une fermeture partielle de l'administration pendant deux semaines raboterait la croissance du produit intérieur brut du quatrième trimestre de 0,3 point, selon les économistes de Macroadvisers. Selon Mark Zandi, chef économiste de Moody's, une fermeture de trois ou quatre semaines coûterait 1,4 point de croissance du PIB au dernier trimestre.

Le président de la Fed de New York, qui a voté pour la poursuite de l'aide exceptionnelle de la banque centrale à l'économie américaine lors de la dernière réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) le 18 septembre, a aussi affirmé qu'il «aimerait voir des signes économiques qui (le) rendent plus confiant dans une amélioration du marché du travail». «Alors seulement je penserai que le temps est venu de réduire» l'aide de la Fed, a-t-il déclaré.

Selon lui, le déclin du taux de chômage - qui se situait à 7,3% en août - «surévalue le degré d'amélioration» du marché de l'emploi. «D'autres mesures du marché du travail, comme les créations d'emplois, les vacances d'emplois, le taux de réembauches (...) indiquent une amélioration beaucoup plus modeste du marché de l'emploi».

«Aujourd'hui, il y a trois chômeurs pour chaque offre d'emploi, contre deux» avant la récession, conclut-il.