Les marchés mondiaux seront suspendus à la réunion de la Banque centrale américaine (Fed) qui pourrait déboucher mercredi sur une réduction de son soutien exceptionnel à la reprise du pays.

«Tous les yeux seront braqués sur le Comité de politique monétaire (FOMC)» de la Fed, affirment les analystes de Nomura prévoyant, comme une majorité d'experts, une décélération imminente de son soutien monétaire.

Selon un sondage de l'institut Potomac Research Group transmis à l'AFP et réalisé auprès de 41 investisseurs, 61 % d'entre eux s'attendent à ce que la Fed commence à réduire sa politique ultra-accommodante dès septembre.

Davantage (63 %) pensent même que cette forme d'assouplissement monétaire --qui consiste depuis janvier à acheter pour 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et titres hypothécaires-- «a perdu de son utilité».

Pourtant, les derniers indicateurs de l'économie des États-Unis ont été mitigés.

Les ventes au détail publiées vendredi, qui comptent pour un tiers de la consommation, ont été décevantes en août (+0,2 %) et le moral des ménages américains, mesuré par l'Université du Michigan, a reculé en septembre pour le deuxième mois consécutif.

«Nous nous attendons à ce que la Fed annonce une diminution de son assouplissement monétaire (même si) les données économiques laissent un sentiment partagé, l'emploi et l'inflation, les deux indicateurs les plus scrutés par la Fed, n'ayant guère montré d'amélioration depuis le début de l'année», affirme Kim Fraser, économiste pour BBVA. Le taux de chômage a très légèrement baissé en août et se situe à 7,3 % contre 8,1 % il y a un an. Les créations d'emplois ont été décevantes à 169 000 mais sur un an, il s'est créé 180 000 emplois en moyenne par mois. L'indice des prix à la consommation pour août, qui sera publié mardi, devrait montrer une inflation modeste, estiment les économistes d'IHS Global Insight.

«Mini-réduction»

Selon une autre mesure associée aux dépenses de consommation des ménages (PCE), l'inflation n'atteint que 1,4 % sur un an, bien en dessous de l'objectif de 2 % de la Fed.

Pour Michael Gregory, économiste chez BMO, «le ton mitigé des données économiques, le débat sur le plafond de la dette, la crise syrienne et la volatilité sur les marchés émergents plaident pour une "mini-réduction"» du soutien de la Fed à l'économie.

Il parie sur un allègement de 10 milliards de dollars des rachats d'actifs, équitablement partagé entre bons du Trésor et titres hypothécaires.

Actuellement la Fed achète chaque mois pour 45 milliards de dollars en bons du Trésor et pour 40 milliards en titres adossés à des prêts immobiliers.

Esther George, une dirigeante de la Réserve fédérale qui a régulièrement voté contre la poursuite de l'assouplissement monétaire exceptionnel, a récemment plaidé pour une réduction mensuelle des achats de 15 milliards de dollars.

Plus rares sont les économistes qui pensent que le FOMC va encore attendre. «Le marché du travail est encore trop incertain», estime Paul Edelstein de IHS Global Insight qui croit à une réduction seulement en décembre.

En mai, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait annoncé que la banque centrale espérait diminuer progressivement ses achats d'actifs au gré de la santé économique pour les cesser totalement à la mi-2014 dès que le chômage atteindrait 7 %.

Une hausse du taux d'intérêt directeur, maintenu depuis 2008 à un niveau quasi-nul, n'est, elle, envisageable que lorsque le chômage descendra en dessous de 6,5 %, et cela sans doute pas avant 2015, avait-il aussi assuré.

Au cours de sa conférence de presse mercredi, M. Bernanke, qui achève son mandat en janvier, pourrait préciser ce message et abaisser ce seuil à 6 %, estime Michael Gregory de BMO. Enfin mercredi, le FOMC publiera une révision de ses projections économiques. Le PIB américain a crû de 2,5 % en rythme annualisé au deuxième trimestre.