Lawrence Summers, l'ancien principal conseiller économique de Barack Obama, apparaît chaque jour davantage comme le favori de la Maison-Blanche pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la Banque centrale, s'accorde à dire la presse américaine.

Même s'il attire les critiques, notamment chez les démocrates qui lui reprochent d'être trop proche de Wall Street, M. Summers, 58 ans, a la confiance d'Obama qu'il a aidé à sortir le pays de la récession, affirme le Washington Post citant des sources proches du président américain.

La Maison-Blanche restait de marbre lundi: «Nous ne faisons pas de commentaires sur les questions de nominations», a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Il revient au président américain de nommer le président de la Fed pour quatre ans, avec l'aval du Congrès. M. Obama a indiqué qu'il le ferait à l'automne.

Fin juillet, lorsqu'au Sénat plusieurs élus démocrates avaient signé une lettre demandant la nomination de l'autre candidate pressentie, Mme Janet Yellen, déjà numéro 2 de la Fed, M. Obama a vigoureusement défendu l'ancien secrétaire au Trésor du président Clinton.

Il «a défendu Summers contre des attaques qu'il considérait injustes venant de l'aile gauche et des médias», avait rapporté le représentant démocrate Gerald Connolly.

«C'était prendre la défense de quelqu'un qu'il voit comme un ami et un loyal haut fonctionnaire de l'État», ajoutait cet élu.

Vendredi, voyant la cote de M. Summers monter dans la presse, des élus démocrates de la commission des Affaires bancaires du Sénat ont annoncé qu'ils n'avaliseraient pas une nomination de l'ancien secrétaire au Trésor. Leur défection laisse ainsi présager une difficile confirmation par le Congrès.

Ayant autorité sur les taux d'intérêts de la première puissance économique mondiale, ce qui peut se répercuter sur les autres économies, le président de la Réserve fédérale est souvent considéré comme le deuxième dirigeant le plus puissant aux États-Unis.

L'actuel titulaire, Ben Bernanke, 59 ans, qui a remplacé Alan Greenspan en 2006, a été au chevet de l'économie du pays pendant la plus grande crise jamais traversée depuis la dépression de 1929. Son mandat s'achève le 31 janvier prochain.

Janet Yellen, sa principale adversaire

Larry Summers, l'homme dont on vante l'exceptionnelle intelligence et l'expérience des arcanes du pouvoir comme de Wall Street, fait grincer des dents pour sa personnalité irascible et impatiente. Il devra concilier ce trait avec le fonctionnement collégial du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

Par le passé, il s'est aussi montré réticent à réguler les marchés financiers alors que la règlementation financière est l'une des prérogatives de la Fed.

Enfin, ses liens en tant que consultant de grandes firmes financières seront scrutés par le Congrès s'il devait être nommé.

Face à lui, l'autre candidate, Janet Yellen, connaît bien la Banque centrale américaine, dont elle est déjà la vice-présidente.

Mais l'ancienne présidente du Cercle des conseillers économiques du président Clinton ne bénéficie pas des liens qu'a pu tisser Larry Summers avec l'actuel entourage de la Maison-Blanche, lorsqu'il était principal conseiller économique au plus fort de la crise.

Selon le Washington Post, elle a récemment en privé exprimé des doutes sur l'issue de sa nomination.

L'administration Obama doit également pourvoir plusieurs postes de gouverneurs au sein du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) après plusieurs départs, et s'apprêterait à y nommer des femmes.

La sous-secrétaire au Trésor américain chargée des questions internationales, Lael Brainard, 50 ans, serait bien placée pour intégrer le FOMC, croit savoir le Wall Street Journal.

Interrogé, un porte-parole du Trésor n'a pas souhaité faire de commentaires lundi.

La nomination de cette responsable pourrait aider à mieux faire accepter l'éventuel choix de Larry Summers pour le poste de président plutôt que celui de Janet Yellen, qui aurait été la première femme à la tête de la Fed en cent ans d'existence, soulignait le Wall Street Journal.

Au rang des postes de dirigeants de la Fed à pourvoir figurent celui de Sarah Bloom Raskin, nommée récemment adjointe au Trésor, et d'Elizabeth Duke, qui achève son mandat de gouverneur à la fin du mois.