Le deuxième bras de fer entre le Congrès et la Maison-Blanche s'annonce aussi surréaliste que le premier qui s'est terminé à minuit moins une, le jour de l'An.

Hier, pour faire monter la pression, l'agence de notation Fitch Ratings a menacé d'abaisser la note de crédit des États-Unis, si le Congrès ne parvient pas à s'entendre sur un relèvement du plafond de la dette américaine, assorti d'un plan crédible pour diminuer le déficit budgétaire. La note AAA accordée par Fitch est accompagnée d'une perspective négative depuis août 2011, date du précédent psychodrame sur le plafond de la dette. Il avait entraîné l'abaissement de la note de crédit accordée par Standard&Poor's et créé en partie le mur budgétaire que les États-Unis ont failli percuter le 1er janvier. Moody's avait de son côté placé à ce moment-là sa note Aaa sous surveillance avec perspective négative.

Lundi, le président Barack Obama avait exigé des républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, le relèvement du plafond, sans rien exiger en retour. «Ils n'obtiendront pas de rançon en échange d'avoir empêché le dérapage de l'économie», a-t-il martelé, insistant sur le fait qu'il n'allait «pas négocier avec un fusil sur la tempe du peuple américain».

La reprise américaine demeure fragile. Les indicateurs économiques émettent des signaux divergents. Ainsi, hier, on apprenait que la production manufacturière de l'État de New York s'est contractée pour le sixième mois d'affilée tout comme la valeur des nouvelles commandes. En revanche, la valeur des ventes des détaillants a augmenté de 0,5% en décembre, malgré le repli de celles des stations-service.

Il est difficile de déterminer s'il s'agit d'un regain de confiance des consommateurs ou plutôt d'une ultime frénésie précédant de probables ponctions fiscales accrues. L'entente du 1er janvier prévoit le retour à 6,4% des prélèvements sur le salaire consacrés aux programmes sociaux. Depuis 2010, ils avaient été abaissés de deux points de pourcentage.

Le plafond actuel de 16 400 milliards US a été atteint le 31 décembre. L'administration dépend des programmes d'urgence qui seront épuisés vers la mi-février, mais ne peut plus emprunter, ne serait-ce même que pour payer les intérêts sur sa dette.

Le président a insisté sur le fait que le crédit des États-Unis n'est pas un élément de négociation, ce à quoi le chef de la majorité républicaine, John Boehner, a répliqué que les électeurs «n'acceptent pas qu'on relève le plafond de la dette sans négocier en même temps les dépenses du gouvernement».

M. Obama se dit ouvert à des compromis en cette matière, mais exige le relèvement du plafond d'abord, sans condition. Le président de la Réserve fédérale, Ben S. Bernanke, lui a apporté son soutien en demandent au Congrès de faire en sorte que les États-Unis «puissent payer leurs dettes».

Depuis 1960, le Congrès a modifié le plafond de la dette à 79 reprises, dont 49 sous des présidences républicaines, a révélé le secrétaire au Trésor, Timothy Geitner.