Le Congrès américain a adopté mardi soir une loi évitant aux États-Unis la cure d'austérité du «mur budgétaire» qui constitue une victoire pour Barack Obama sur la fiscalité face aux républicains, mais repousse seulement de quelques semaines d'autres dossiers épineux.

«L'un des piliers de ma campagne présidentielle était de changer un code des impôts qui était trop favorable aux riches aux dépens de la classe moyenne», a déclaré le président démocrate peu avant 23h30 mardi.

«Ce soir, nous l'avons fait grâce aux voix des démocrates et des républicains au Congrès», a ajouté M. Obama, 20 minutes à peine après que la Chambre des représentants à majorité républicaine eut emboîté le pas au Sénat dominé par les démocrates et adopté un projet de loi augmentant notamment le taux d'imposition des foyers aux revenus supérieurs à 450 000$ par an.

Une partie des républicains a accepté de voter pour ce dispositif, malgré leur rejet de principe de toute hausse de la pression fiscale, car l'alternative aurait été le «mur budgétaire», des hausses d'impôts pour la quasi-totalité des contribuables et des coupes claires dans les dépenses de l'État fédéral, en particulier de défense.

Épilogue d'escarmouches répétées et de négociations acharnées à Washington depuis des semaines, la Chambre a donc adopté ce dispositif peu après 23h, dans les mêmes termes que le Sénat moins de 24 heures plus tôt et par 257 oui contre 167 non.

Le Sénat, siégeant une nuit de la Saint-Sylvestre pour la première fois en plus de 40 ans, avait donné son feu vert à ce texte à une écrasante majorité (89 voix contre huit). Ce compromis avait été négocié par le vice-président Joe Biden et le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

Mise en garde sur le plafond de la dette

M. Obama, qui avait interrompu ses vacances à Hawaii au lendemain de Noël pour revenir gérer à Washington cette énième crise avec les républicains du Congrès, a repris son avion dans la nuit de mardi à mercredi pour retrouver près d'Honolulu son épouse et ses filles, restées sur place.

Mais avant cela, il a mis en garde ses adversaires contre la tentation de prendre leur revanche budgétaire lors d'autres échéances qui se profilent à l'horizon, comme le nécessaire relèvement du plafond légal de la dette d'ici à la fin du premier trimestre.

«Je négocierai sur beaucoup de choses, mais je ne débattrai pas encore avec le Congrès sur la nécessité d'acquitter les factures induites par les lois déjà adoptées», a-t-il martelé, en rappelant l'épisode de l'été 2011, quand un tel débat s'était envenimé, coûtant aux États-Unis une dégradation de la note de leur dette souveraine par Standard and Poor's.

Ce règlement de la crise aux dernières heures de mardi arrive à point pour éviter un éventuel décrochage des places financières, en particulier Wall Street, qui rouvriront mercredi matin après la trêve du Nouvel An et avaient manifesté leur nervosité lors du cheminement tortueux des négociations depuis novembre.

De fait, l'accord conclu à Washington a dopé les Bourses asiatiques mercredi. À Hong Kong, l'indice Hang Seng qui avait ouvert en hausse d'un peu plus de 1% s'appréciait de 2,89% à la clôture, Séoul de 1,71% et Sydney de 1,23%. Les Bourses de Tokyo et Shanghai sont fermées depuis le Nouvel An.

En Europe, les bourses ont salué à leur tour l'accord de dernière minute trouvé aux États-Unis. À Paris, le CAC 40 gagnait 1,73% à l'ouverture de sa première séance de l'année 2013, la bourse de Londres prenait 1,42% et à Francfort le Dax ouvrait en hausse de 1,01%.

Une fois le texte promulgué par M. Obama, le taux d'imposition passera de 35% à 39,6% pour les foyers aux revenus supérieurs à 450 000$ par an. Mais de nombreuses questions restent en suspens avec le report de deux mois de l'échéance de coupes dans les dépenses publiques, et augure donc d'une nouvelle bataille à court terme entre la Maison-Blanche et les conservateurs.

Dans l'immédiat, M. Obama, deux mois après sa nette réélection pour quatre nouvelles années à la tête de la première puissance mondiale, a enfin obtenu ce qu'il recherchait: l'expiration, pour les plus riches, des cadeaux fiscaux hérités de l'ère de son prédécesseur républicain George W. Bush.

Mais le président a dû transiger et certains dans le camp démocrate ne cachaient pas leur déception: il avait défendu avec force pendant sa campagne de réélection un seuil à 250 000$ plutôt qu'à 450 000$