Tandis que les ménages américains évaluent dans quelle mesure ils ont trop dépensé durant le «Black Friday» en se livrant à leur activité culturelle préférée, le magasinage, la classe politique revient sous les feux de la rampe jusqu'aux Fêtes.

Il reste peu de temps au Congrès pour aplanir le mur budgétaire (fiscal cliff) de quelque 600 milliards qui menace de faire rechuter les États-Unis en récession. Une ponction de 600 milliards équivaut à 4% de la taille de l'économie américaine, dont l'expansion trotte à un taux annuel inférieur à 2,5% depuis plus d'un an.

Un compromis en deux temps reste l'hypothèse la plus réaliste pour éviter l'entrée en vigueur de coupes budgétaires automatiques, jumelées à des hausses d'impôt, dès le 1er janvier.

Idéalement, il faudrait parvenir à un accord qui lamine le mur à hauteur d'un point à un point et demi de pourcentage du PIB américain en 2013. Cela ralentirait la croissance, certes, mais pas assez pour briser le nouvel élan qui la dynamise depuis quelques mois grâce à une création d'emplois plus soutenue et au redécollage tant attendu du marché de l'habitation.

Un déficit de 1000 milliards

Une fois bien remise sur rails, la croissance américaine serait en mesure d'absorber des hausses d'impôt et des coupes budgétaires plus substantielles de manière à résoudre de manière crédible le déficit budgétaire. Depuis quatre ans, il dépasse les 1000 milliards à la faveur des baisses d'impôts décrétées par le président George W. Bush, du financement de deux guerres et de plans de relance économiques dans la foulée de la Grande Récession de 2008-2009.

La dette publique américaine équivaut à 72% de la taille de l'économie américaine cette année. Si les mesures du mur budgétaires étaient toutes abolies, elle grimperait à 89% dans 10 ans, ce que jugeraient sévèrement les agences de notation de crédit.

À l'opposé, si le Congrès laisse l'économie américaine foncer dans le mur, la dette serait réduite à 58,5% du PIB en 2022, selon les projections du Congressionnal Budget Office.

Bill Clinton à la rescousse?

C'est dans l'entre-deux que réside la solution qui paraît difficile à dessiner.

Plusieurs observateurs s'attendent à ce que le Congrès sortant parvienne au mieux à un compromis temporaire pour éviter le pire.

La vraie grande négociation commencerait plutôt cet hiver avec la nomination par le président d'un négociateur aguerri à la partisanerie polarisée du Congrès.

Le nom de l'ancien président démocrate Bill Clinton circule de plus en plus. Il jouit d'une grande popularité, dispose de talents indéniables pour rapprocher les partis et est respecté par les deux partis.

Plafond de la dette

Que ce soit lui ou un autre, sa tâche sera colossale, à la mesure de la dette publique américaine qui atteint plus de 16 200 milliards. Son plafond autorisé est de 16 394 milliards, limite qui sera atteinte en début d'année.

À la négociation sur le mur budgétaire se greffera donc celle du relèvement du plafond de la dette. Durant l'été 2011, un bras de fer entre démocrates et républicains avait pris le gouvernement en otage. Le compromis trouvé in extremis est une des composantes du mur budgétaire.

Depuis un an maintenant, le président réélu Barack Obama propose de maintenir les baisses d'impôt décrétées par George W. Bush pour tous les contribuables dont le revenu imposable n'excède pas 178 000$.

Pour les plus riches, le taux passerait de 33% à 36% jusqu'à hauteur de 388 350$ puis de 35% à 39% pour la tranche supérieure.

Opposition

Les républicains s'opposent jusqu'ici bec et ongles à toute hausse d'impôts, y compris la surtaxe pour les nantis pour financer la réforme de l'assurance-santé, surnommée l'Obamacare. Les seules baisses d'impôt de George W. Bush feraient perdre 10 000 milliards en 10 ans au trésor américain.

Pour cet élément du mur budgétaire, le président a, semble-t-il, l'opinion de son côté.

Pour tous les autres, c'est moins clair.

La négociation pourrait commencer sur la base des travaux de la Commission coprésidée par le démocrate Erskine Bowles et le républicain Alan Simpson. Son plan, qui a été rejeté, prévoyait notamment une hausse graduelle de l'âge de la retraite de 67 à 69 ans, la réduction des dépenses militaires, l'imposition accrue des gains sur les capitaux les et dividendes et l'élimination de plusieurs échappatoires fiscales.

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LES POINTS CHAUDS DE LA NÉGO

Quelques mesures sociales menacées par le mur budgétaire

La baisse de 6,2% à 4,2% de la contribution des salariés à la sécurité sociale

Les coupes aveugles élimineraient 277 000 postes dans la fonction publique fédérale.

Source: Desjardins Études économiques