Le procès pour délit d'initié de l'ancien administrateur de Goldman Sachs, Rajat Gupta, a démarré lundi devant un tribunal fédéral de New York avec une attaque en règle du procureur qui l'a accusé d'avoir «piétiné ses devoirs».

Grand nom de la finance aux États-Unis, Gupta, 63 ans, d'origine indienne, risque une très longue peine de prison.

Il est accusé d'avoir transmis des informations confidentielles à son ami et partenaire en affaires, le milliardaire d'origine sri-lankaise Raj Rajaratnam, qui se serait appuyé sur ces conseils pour réaliser des opérations financières.

Son procès devrait durer de trois à quatre semaines, a précisé lundi le juge Jed Rakoff.

Raj Rajaratnam est le patron fondateur du fonds d'investissement Galleon, et a été condamné le 13 octobre dernier à 11 ans de prison.

Selon les procureurs, Rajat Gupta, inculpé en octobre, aurait tiré un bénéfice financier non spécifié de cette transmission d'informations à M. Rajaratnam.

«Il a utilisé ces secrets pour aider son ami et partenaire d'affaires Raj Rajaratnam», a lancé le procureur-adjoint Reed Brodsky au jury à l'ouverture du procès. «C'était comme connaître le résultat d'un match avant la fin».

«M. Gupta a piétiné ses devoirs et responsabilités et il a violé la loi», a-t-il ajouté. Peignant le portrait de l'accusé, il a décrit un homme ayant «très bien réussi», mais qui cachait un côté obscur «inconnu du grand public».

La défense de Gupta affirme de son côté que le financier, qui clame son innocence, n'a jamais tiré profit des faits qui lui sont reprochés et lundi devant le tribunal son avocat, Gary Naftalis, a reproché à l'accusation de «présenter une affaire sur la base de rumeurs». «On ne condamne pas les gens sur la base de on-dit», a-t-il souligné.

L'avocat a décrit son client comme un autodidacte venu d'Inde qui a réussi à se hisser parmi l'élite financière américaine et passait la moitié de son temps à s'occuper d'oeuvres caritatives.

Me Naftalis a estimé que l'accusation ne disposait d'aucune preuve tangible. «Il n'y a aucune conversation enregistrée dans laquelle Rajat Gupta donne la moindre information relevant du délit d'initié», a-t-il affirmé.

M. Gupta a été également directeur général du cabinet McKinsey entre 1994 et 2003, et membre du conseil d'administration de Procter & Gamble, en plus de Goldman Sachs. Il avait démissionné de ces deux mandats en 2010 en raison de sa mise en cause dans l'affaire Galleon.

M. Gupta est notamment inculpé de «complot visant à commettre une fraude boursière» et de «fraudes boursières», un total de six chefs d'accusation pour lesquels il encourt plus de 100 ans de prison et 25 millions de dollars d'amende.

Le procès avait débuté avec la sélection du jury. Cent jurés potentiels avaient pris place dans le tribunal, en présence de l'inculpé.

Les avocats de M. Gupta avaient précisé qu'ils avaient fait appel à un conseiller pour les aider dans le processus de sélection des jurés, et avaient demandé un accès internet rapide dans la salle du tribunal afin de pouvoir communiquer avec leur bureau et faire des recherches instantanées sur les jurés potentiels.

Le juge avait indiqué qu'il n'était pas contre. Parfois «des conflits impliquant certains jurés ont été découverts trop tard et je pense que c'est mieux de le savoir avant qu'après», avait-il dit.

L'un des premiers témoins appelés à la barre devrait être le directeur de Goldman, William George, et un autre haut responsable de la banque, Byron Trott. Le patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, pourrait également être appelé à témoigner.