Célèbre aux États-Unis et dans la finance, le multimilliardaire Warren Buffett, troisième fortune mondiale, a annoncé mardi avoir un cancer de la prostate à un stade peu avancé, qui ne l'empêchera pas de continuer à diriger à 81 ans son holding Berkshire Hathaway.

Il a dans la foulée assuré à la chaîne CNBC que ses plans de succession --attentivement scrutés-- n'étaient en rien bouleversés par cette annonce. Cet été, M. Buffett avait indiqué que son successeur avait été choisi, sans en dévoiler le nom.

Mardi, il a également répété à CNBC que son futur successeur n'était lui-même pas au courant qu'il avait été choisi pour prendre la suite de celui qui a été surnommé «l'Oracle d'Omaha», un surnom qui fait référence à la ville du Nebraska où Warren Buffett vit depuis 1956 et à la justesse de ses prévisions économiques et de ses paris d'investisseur.

Warren Buffett avait par ailleurs annoncé en décembre 2011 qu'il souhaitait que son fils Howard devienne président non exécutif non rémunéré de son holding après sa mort. Howard Buffett aurait donc un rôle de supervision du groupe détaché de ses opérations quotidiennes et n'interviendrait pas dans la stratégie de ce holding qui gère des milliards de dollars d'investissements.

Il a aussi doté son holding de deux gestionnaires de fonds.

Dans un communiqué adressé aux actionnaires de son holding, M. Buffett a annoncé mardi qu'on lui avait diagnostiqué mercredi dernier un cancer de la prostate de stade 1: «La bonne nouvelle, c'est que mes médecins m'ont dit que mon état de santé ne mettait en rien ma vie en danger».

«Mes médecins et moi-même nous sommes accordés sur un traitement de deux mois à base de radiations quotidiennes, qui débutera à la mi-juillet. Ce régime m'empêchera de voyager durant cette période, mais à part cela, ne modifiera en rien mes habitudes quotidiennes», ajoute-t-il, soulignant que la maladie n'avait pas atteint d'autres organes.

«J'informerai les actionnaires (de Berkshire Hathaway) immédiatement si mon état de santé changeait. Un jour, bien sûr, cela arrivera. Mais je suis persuadé que ce jour est encore loin de nous», conclut-il.

M. Buffett, à la tête d'une fortune estimée à 44 milliards de dollars qui en fait le troisième homme le plus riche du monde selon le classement 2012 du magazine Forbes, est un parangon de «success story» à l'américaine.

Il a promis de se défaire de 99% de son capital pour en faire don à des oeuvres philanthropiques de son vivant ou à sa mort.

De Disney à Coca-Cola, des glaces Dairy Queen au géant de la réassurance General Re ou au groupe pharmaceutique français Sanofi, Warren Buffett a investi dans tous les secteurs. Son credo: l'investissement tranquille, loin des «coups» boursiers de Wall Street.

Très célèbre aux États-Unis, il est revenu ces derniers temps sous les feux de l'actualité à la faveur du débat entre le président démocrate Barack Obama et ses adversaires républicains sur la politique fiscale américaine.

Le président Obama défend depuis septembre 2011 la «règle Buffett», soit la taxation à au moins 30% des revenus annuels supérieurs à un million de dollars.

Le multimilliardaire a donné son nom à cette mesure, qu'il soutient, après s'être insurgé publiquement contre le fait d'être assujetti à un taux d'imposition inférieur à celui de sa secrétaire salariée, en raison d'un code des impôts taxant moins les revenus du capital que ceux du travail.