Celui qu'a recommandé le président américain Barack Obama pour prendre la tête de la Banque mondiale n'est pas un politicien, un avocat ou un économiste, comme c'est le plus souvent le cas.

Fort de l'appui de la Maison-Blanche, Jim Yong Kim est un éducateur, un médecin et un anthropologue qui a mené une campagne parfois audacieuse afin d'améliorer la santé des plus pauvres de ce monde.

Dans les années 1990, il a confondu les sceptiques lorsqu'il a trouvé une manière rentable de combattre la tuberculose dans les quartiers pauvres de l'Amérique du Sud. Il a également mis sur pied un programme visant à traiter des millions d'Africains atteints du VIH, le virus qui cause le SIDA.

M. Kim, qui est d'origine coréenne, est depuis 2009 le président de la prestigieuse université Dartmouth.

Selon Jeffrey Sachs, un économiste de l'université Columbia qui a fait du lobbyisme pour que M. Kim soit porté à la tête de la Banque mondiale, l'homme de 52 ans est un «choix exceptionnel».

M. Sachs estime que, «pour la première fois de son histoire, la banque se doterait d'un président dont la mission est justement ce que le groupe recherche: l'élimination de la pauvreté». Il ajoute que la décision de l'appuyer est «un choix enthousiaste qui contraste avec la tradition qui veut qu'un banquier ou un membre du monde politique» soit choisi.

Depuis sa fondation il y a 68 ans, la Banque mondiale a toujours été dirigée par un Américain.

Les pays en voie de développement, choqués de la mainmise américaine sur le leadership de la banque, avaient prévu militer cette année afin qu'un des leurs remplace le président sortant, Robert Zoellick.

Mais l'appui de Barack Obama à M. Kim, qui n'est pas Américain et qui possède des années d'expérience dans la lutte contre les maladies dans les pays pauvres, pourrait neutraliser l'opposition venant des pays sous-développés. Le président rwandais Paul Kagame a déjà salué la nomination de M. Kim, le qualifiant de «vrai ami de l'Afrique» et de «leader qui sait ce qui doit être fait pour mettre fin à la pauvreté».

Né à Séoul, M. Kim s'est rendu aux États-Unis avec sa famille à l'âge de cinq ans. Il a grandi à Muscatine, en Iowa, où il a été le quart-arrière de l'équipe de football et le garde de l'équipe de basketball. Il est encore très actif. En annonçant sa nomination, M. Obama a d'ailleurs lancé, à la blague, que «M. Kim avait un handicap de cinq au golf» et que «cela l'irritait un peu».

Après avoir gradué de l'université Brown, M. Kim a reçu un diplôme de médecine à l'université Harvard. En 1987, il a cofondé l'organisation de santé globale Partners in Health avec son camarade de classe de l'école de médecine de Harvard, Paul Farmer, et d'autres.

Ils ont travaillé ensemble afin de mener une lutte contre les maladies en Haïti et dans d'autres pays en développement. Dans les années 1990, M. Kim a réussi à convaincre des fabricants de médicaments génériques de produire des médicaments pour traiter la tuberculose qui sévissait au Pérou. Il a ainsi réussi à réduire le coût de ces médicaments de 95 pour cent.