Il a entraîné les États-Unis dans un gouffre économique il y a cinq ans de cela. Aujourd'hui, le secteur immobilier américain n'affiche toujours pas les signaux clairs d'une reprise. Pour un deuxième mois consécutif, la valeur des maisons au sud de la frontière a même régressé, et le portrait pour 2012 ne s'annonce pas plus rose.

L'année 2011 qui s'achève sera marquée au crayon rouge dans le cahier des économistes qui couvrent le secteur de l'habitation aux États-Unis.

Au cours des 12 mois séparant octobre 2010 et octobre 2011, le parc immobilier américain a cédé 3,4% de sa valeur, un résultat en deçà de celui attendu par les spécialistes sondés par la firme Bloomberg qui tablaient sur une réduction de 3,2%.

Cette donnée provient de la plus récente étude de la Standard and Poor's (S&P). Chaque mois, l'organisme américain prend le pouls du secteur immobilier de 20 grandes villes américaines et publie son analyse de la santé du secteur sous la forme de l'indice S&P/Case-Shiller.

Le plus récent rapport de la firme suggère que la reprise n'est pas à envisager dans bon nombre de villes américaines.

À Atlanta par exemple, le prix moyen des propriétés a chuté de près de 12% au cours de la dernière année.

Que ce soit dans la métropole géorgienne, à Cleveland, Detroit ou Las Vegas, la valeur moyenne des habitations dans ces villes est aujourd'hui inférieure à celle qu'on y observait en janvier 2000.

Il n'y a toutefois pas que des ombres au tableau.

Après avoir été au coeur de la crise immobilière, la ville de Detroit a pris du mieux en 2011 et a vu la valeur de son parc immobilier grimper cette année de 2,5%.

Parmi les 20 villes étudiées, seule Washington termine aussi l'année en territoire positif, à 1,3%.

Un automne difficile

L'année 2011 aura été tout en nuances pour le secteur de l'immobilier aux États-Unis. Après avoir connu un début d'année difficile, une dizaine de villes américaines ont enregistré une croissance au cours d'une période de cinq mois consécutifs.

Mais depuis septembre, le marché retrace vers le bas. Entraîné par une dévaluation du prix des maisons dans 19 des 20 villes scrutées, l'indice S&P/Case-Shiller a cédé 1,2% de sa valeur.

«Le chômage élevé, le resserrement du crédit et l'offre excédentaire persistante de propriétés invendues ou saisies nuisent au secteur immobilier, malgré une abordabilité quasi record», a expliqué dans une note publiée la semaine dernière Adrienne Warren, économiste principale à la Banque Scotia.

«Cela suggère que nous pourrions être encore à plusieurs années d'une reprise durable», a-t-elle ajouté après avoir souligné que depuis son sommet de 2005, la valeur moyenne des maisons aux États-Unis a chuté de plus de 30%.

L'analyse d'Adrienne Warren paraît plus pessimiste que celle d'une centaine d'économistes sondés par la firme Zillow. En regroupant leurs prévisions, l'agence spécialisée dans l'immobilier avance que le bas du marché ne sera pas atteint avant le second trimestre de 2012, voire le premier de 2013.

Pour s'assurer que la relance ait lieu le plus tôt possible, la Réserve fédérale américaine a confirmé plus tôt ce mois-ci que les taux d'intérêt référentiels allaient rester près de zéro au moins jusqu'à la mi-2013.

De son côté, l'administration Obama a lancé ce mois-ci une nouvelle version de son programme d'aide au refinancement des habitations. La version précédente n'avait pourtant aidé que le quart des gens ciblés par le programme.

- Avec Bloomberg.