Pour mieux vendre sa dette qui gonfle et qui gonfle, Washington songe à lancer des obligations à taux flottants (OTF) d'une durée de trois ans.

Il s'agirait de la première innovation depuis 1997 quand le Trésor américain avait lancé les obligations à rendement réel (TIPS, Treasury Inflation Protected Securities).

Le taux des OTF pourrait être indexé deux fois l'an aux fluctuations d'un taux de référence, selon des indications recueillies par l'agence Bloomberg.

Le Trésor n'éprouve pour l'instant aucun souci à vendre sa dette colossale, qui est passée de 4339 milliards US en 2007 à 9625 milliards US ces jours-ci. Certains prêteurs se montrent réticents cependant à en acheter davantage, étant donné les rendements faméliques qu'elle offre. Une obligation venant à échéance dans 10 ans offre un rendement de 2,2% ces jours-ci, alors que le taux d'inflation se situe à 3,9%.

En revanche, des titres à taux flottants représentent un placement intéressant à court terme.

Quelle que soit l'issue des négociations au sein du Supercomité des Finances au Congrès sur la réduction de 1200 milliards US du déficit répartie sur 10 ans, celui-ci restera très élevé pendant encore longtemps. Cela signifie plus de dette à placer, sans compter celle qui, arrivée à échéance, doit être refinancée.

Selon les toutes récentes projections de Goldman Sachs, le déficit de l'année financière 2012, amorcée le 1er octobre, devrait se situer aux environs de 1250 milliards US, soit l'équivalent de 8% de la taille de l'économie. C'est une très faible amélioration par rapport au manque à gagner de 1299 milliards US en 2011 et de 1294 milliards US en 2010.

Ces chiffres sont basés sur l'hypothèse d'une croissance molle puisque les mesures d'austérité déjà adoptées l'amputeront d'un point de pourcentage.

Cette faible croissance pourrait être contenue à 1,5% -1,6% en termes réels pour l'année en cours et de 1,5% seulement pour 2012, selon les prévisions économiques révisées de Desjardins. C'est bien moins que les 2,3% et 2,1% escomptés pour le Canada,

Ce qui freine la croissance chez nos voisins, c'est la faible création d'emplois, jumelée à une faiblesse de l'investissement net en équipement et logiciel.

Selon Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale, 94% des investissements des entreprises américaines en 2010 n'ont servi qu'à remplacer du capital déprécié. Il souligne que l'amortissement est plus rapide dans l'équipement en technologies de l'information en particulier.

«La croissance du PIB (produit intérieur brut) potentiel de l'économie a peut-être été surestimée étant donné la quasi-stagnation du stock de capital et de la population active depuis 2008», estime-t-il.

Voilà pourquoi il en arrive à la conclusion que ce potentiel est plus proche de 2% que des 2,5% estimés par le Congressionnal Budget Office.

Il calcule que, sur cinq ans, cela provoque un manque à gagner de 428 milliards en dollars courants. C'est autant d'argent en moins dans l'assiette fiscale.

C'est donc dire que le Trésor devra encore déployer beaucoup d'imagination pour trouver preneur de sa dette, sans consentir des rendements susceptibles d'en faire ballonner le service.

Devant cette perspective, les titres à taux flottants ont beaucoup de sens.