M. Bernanke, qui témoignait à Washington devant la Commission économique mixte du Congrès, a appelé les élus à prévoir des réductions budgétaires à moyen et long terme, mais à «éviter de prendre des mesures budgétaires susceptibles d'entraver la reprise économique en cours».

Le président de la banque centrale des États unis (Fed), Ben Bernanke, a exhorté mardi les élus du Congrès à ne pas saper la reprise économique du pays, qu'il a jugée «proche de fléchir» et encore «léthargique» sur le front de l'emploi.

M. Bernanke, qui témoignait à Washington devant la Commission économique mixte du Congrès, a appelé les élus à prévoir des réductions budgétaires à moyen et long terme, mais à «éviter de prendre des mesures budgétaires susceptibles d'entraver la reprise économique en cours».

«Les indicateurs récents, notamment ceux des nouvelles inscriptions au chômage ... montrent qu'il est vraisemblable que la croissance léthargique de l'emploi continue dans la période à venir», a-t-il averti.

Selon lui, la reprise est actuellement «proche de fléchir».

De plus, a-t-il dit, il n'y a «guère de doute» sur le fait que les «tensions financières» provoquées par l'abaissement de la note de solvabilité des États-Unis par Standard & Poor's en août et l'exacerbation des problèmes de la zone euro «ont nuit au moral des ménages et des entreprises» aux États-Unis «et qu'elles font peser un risque permanent sur la croissance».

Les créations d'emplois ont fortement ralenti pendant l'été, a rappelé M. Bernanke. Selon les derniers chiffres officiels, elles ont même été nulles au mois d'août, mais les analystes estiment qu'elles sont remontées un peu en septembre.

La croissance a été poussive au premier trimestre et ne semble pas en mesure actuellement de pouvoir gagner assez d'élan pour pouvoir faire baisser véritablement avant un certain temps un chômage de masse, dont le taux atteignait 9,1% en août.

Face à ces difficultés, la Fed a entrepris le 21 septembre d'assouplir encore un peu plus sa politique monétaire déjà ultra-accommodante en jouant sur la composition de son portefeuille de titres financiers pour tenter de faire baisser un peu plus les taux d'intérêt à long terme tout en maintenant son taux directeur (déterminant le niveau des taux à court terme) quasi nul.

Affirmant que l'inflation restait sous contrôle, le président de la Réserve fédérale a rappelé aux élus que son institution était «prête à prendre des mesures supplémentaires appropriées pour favoriser un renforcement de la reprise économique dans un contexte de stabilité des prix».

Cependant, a-t-il ajouté, la politique monétaire, aussi puissante qu'elle puisse être, «n'est pas la panacée pour les problèmes que rencontre actuellement l'économie américaine».

«Les mesures de nature à favoriser une croissance saine de l'économie et de l'emploi sont de la responsabilité partagée de tous les responsables politiques, en étroite coopération avec le secteur privé», a-t-il fait valoir.

Mise en garde contre les effets d'une défaillance de la Grèce

Ben Bernanke a mis en garde mardi contre les retombées éventuelles d'un défaut de paiement de la Grèce sur l'économie des États-Unis bien que l'exposition des banques américaines à ce pays soit selon lui «minimale».

«L'exposition directe de nos banques à la Grèce est minimale», a déclaré M. Bernanke.

«Mais dans le cas d'une défaillance non organisée de ce pays qui entraînerait des paniques visant d'autres titres de dette publique, des défaillances d'autres États ou des tensions sur des banques européennes, cela créerait une instabilité sur les marchés financiers mondiaux qui aurait un effet considérable sur notre système financier et notre économie», a-t-il dit.

«C'est la raison pour laquelle, a ajouté M. Bernanke, il est d'une importance capitale que les Européens continuent sur la voie qu'ils ont tracée et qui consiste à essayer de régler le problème» de la Grèce et de la crise de la dette publique européenne.

M. Bernanke avait estimé quelques minutes plus tôt que la reprise économique américaine, particulièrement faible au premier trimestre, apparaissait actuellement «proche de fléchir».