Barack Obama a affirmé lundi que les riches et les grandes entreprises devaient acquitter leur «juste part» d'impôts, en présentant un plan de réduction supplémentaire du déficit de 3000 milliards de dollars prévoyant un alourdissement de la fiscalité pour les plus aisés.

«Nous ne pouvons pas sortir de ce gouffre en réduisant seulement les dépenses», a déclaré le président, en allusion au déficit abyssal des États-Unis: «il est normal que nous demandions à tous de payer leur juste part».

«Nous ne pouvons pas nous permettre ces taux d'imposition plus bas pour les riches. Nous ne pouvons pas nous le permettre alors que nous subissons de gros déficits», a remarqué M. Obama, qui ne souhaite pas prolonger au-delà de fin 2012 - leur date d'expiration - les cadeaux fiscaux consentis aux plus aisés par l'administration de son prédécesseur républicain George W. Bush.

«Ce n'est pas de la lutte des classes, c'est mathématique», a ironisé un président très combatif, face aux critiques de ses adversaires républicains qui l'accusent de vouloir punir ceux qui ont réussi et de décourager les «créateurs d'emplois».

«Tout plan de réforme devra faire augmenter les recettes pour aider à réduire notre déficit. Cela doit faire partie de la formule», a plaidé M. Obama, lors d'une allocution dans la roseraie de la Maison Blanche.

Le président, qui se débat face à un chômage toujours très élevé et des sondages maussades à 14 mois de la présidentielle de novembre 2012, a fait valoir que «les contribuables de la classe moyenne ne devraient pas payer davantage d'impôts que les millionnaires et les milliardaires. C'est clair et net, et difficile à contredire».

Il a aussi attaqué directement le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, en critiquant son approche, selon lui intransigeante, qui exclut toute hausse d'impôts pour quiconque.

«Le président de la Chambre affirme que nous ne pouvons pas dire: +c'est à prendre où à laisser+, et ensuite il nous dit à nous ''c'est à prendre ou à laisser''», a raillé M. Obama. «Ce n'est pas très intelligent, et ce n'est pas juste», a-t-il ajouté.

Les propositions dévoilées par M. Obama porteraient à 4400 milliards de dollars les réductions du déficit dans les dix prochaines années, en prenant en compte les 1200 milliards de coupes sur lesquelles la Maison-Blanche et les républicains du Congrès se sont mis d'accord en août à l'issue d'un long affrontement sur le plafond de la dette.

Pour moitié, les sommes évoquées sont constituées de nouvelles mesures d'économies et pour l'autre de nouvelles recettes fiscales.

Certains millionnaires sont moins taxés car les bénéfices tirés de leurs investissements - plus-values, dividendes et autres intérêts - sont à l'heure actuelle moins imposés que les salaires.

M. Obama a aussi prévenu les républicains qu'il opposerait son veto à tout projet de loi diminuant les dépenses de santé pour les plus âgés sans augmenter les impôts des plus riches et des grandes entreprises.

Sans surprise, les adversaires de M. Obama ont réagi avec hostilité à ce discours. «Des menaces de veto, une hausse massive des impôts, des économies en trompe-l'oeil et un renvoi de la balle sur la question des programmes sociaux, ce n'est pas une recette pour une croissance de l'économie ou de l'emploi, ou même une réduction significative des déficits», a affirmé Mitch McConnell, chef de la minorité au Sénat.

De son côté, Mitt Romney, un des candidats à l'investiture républicaine les mieux placés, a assuré que «le plan de hausse des impôts du président Obama aura un effet dévastateur sur la croissance économique».