Bank of America (BAC) va sacrifier plus de 10% de ses effectifs, soit environ 30 000 emplois, dans le cadre d'un plan d'économies destiné à la mettre en meilleure posture pour résister à l'interminable crise des crédits immobiliers.

Les postes qui seront supprimés «dans les années qui viennent» s'inscrivent dans la première phase d'un plan de restructuration devant déboucher d'ici à 2014 sur cinq milliards de dollars d'économies annuelles, soit environ 18% des dépenses annuelles des activités liées à la banque de détail (banque auprès des particuliers et des petites entreprises, cartes de crédit, prêts hypothécaires et back-office), a précisé la banque dans un communiqué.

Une deuxième phase de la restructuration, concernant l'activité auprès des entreprises et l'activité internationale, devrait être annoncée au printemps, sans que la banque ait laissé deviner l'ampleur des économies et des suppressions d'emplois à attendre.

La direction de la banque a indiqué qu'«une part importante» des suppressions d'effectifs annoncées passerait par des départs naturels et la disparition dans l'organigramme de postes actuellement non pourvus.

En outre, le directeur général Brian Moynihan a assuré lors d'une conférence avec des analystes que les mesures d'économies n'iraient pas à l'encontre de l'expansion.

«Nous voulons nous assurer que nous avons assez d'espace pour continuer d'embaucher», a-t-il dit, indiquant qu'il voulait être en mesure de renforcer les effectifs dans les secteurs porteurs, comme le conseil financier aux clients privilégiés.

Ce plan d'économies, qui a bénéficié à l'action, avec une hausse de 1% à 7,05 dollars, s'ajoute à une série de mesures déjà annoncées durant l'été pour rassurer les marchés, alors que la banque a vu sa capitalisation fondre de moitié en un an.

Elle a ainsi obtenu une marque de confiance éclatante accordée par Warren Buffett, l'investisseur le plus respecté du pays, qui a acheté pour 5 milliards de dollars de titres le mois dernier, sous forme d'actions préférentielles rémunératrices et de bons de souscription d'actions ordinaires.

Bank of America a aussi vendu ses divisions cartes de crédit au Canada, en Irlande et au Royaume Uni pour recentrer cette activité sur les Etats-Unis.

La première banque américaine en termes d'actifs fait face à de nombreux défis, dont l'accumulation des procédures judiciaires à son encontre, liées aux prêts hypothécaires à risque hérités de ses filiales Countrywide et Merrill Lynch, achetées en 2008.

Lundi, M. Moynihan n'a pas exclu que Countrywide soit déclaré en faillite, afin d'apurer la question. Il s'est borné à indiquer que «toutes les options» étaient envisagées.

Au deuxième trimestre, BofA avait publié une perte nette de 9,13 milliards de dollars pour le deuxième trimestre.

Les résultats attendus le mois prochain devraient être moins mauvais, grâce notamment à la vente d'environ la moitié de la participation de la banque dans China Construction Bank, pour 8,3 milliards de dollars, annoncée il y a deux semaines.

«Nous continuons à faire des progrès sur le crédit», a en outre relevé M. Moynihan lundi. Durant l'été, «les défauts de paiement et les prêts passés en charge ont été bien meilleurs qu'attendu».

Il a aussi répété que «cinq activités sur six» du groupe se portaient bien, seule la division des prêts hypothécaires nécessitant «du travail supplémentaire».

Un commentateur du Wall Street Journal ironisait en remarquant que cela ressemblait au discours d'une personne se disant «en parfaite santé à l'exception d'une blessure mortelle».

En tout état de cause, le patron de la banque est resté prudent: «l'environnement (économique) va rester difficile», a-t-il dit, citant notamment des taux d'intérêt très bas qui rapportent peu.