Le plan pour l'emploi présenté jeudi par le président Barack Obama fait le pari de la relance de la consommation et d'investissements publics, à un moment où les États-Unis ont désespérément besoin de relais de croissance.

«Au final, notre reprise ne sera pas provoquée par Washington, mais par nos entreprises et nos travailleurs. Mais nous pouvons aider», a dit M. Obama au Congrès.

La croissance a bien besoin d'aide. Tombée à des niveaux faméliques cette année (0,7% en rythme annuel au premier semestre), elle est très loin de pouvoir faire baisser le chômage, bloqué à 9,1%.

Le plan présidentiel de 447 milliards de dollars est réparti, selon le chiffrage de la Maison-Blanche, entre 57% de réductions d'impôts et 43% de dépenses.

M. Obama veut investir un peu plus de 100 milliards de dollars dans la réfection ou la construction d'infrastructures de transport ou de télécommunications, d'écoles publiques et de logements ou locaux d'entreprise vacants.

Il espère aussi mettre plus d'argent dans la poche des employeurs et des salariés en renonçant à plus de 250 milliards de dollars de recettes fiscales. En espérant que cela aide la consommation privée.

Le reste doit alimenter des mesures ciblées pour les chercheurs d'emplois ou le maintien d'emplois publics.

Un tel plan «donnerait un coup de pouce important au PIB et à l'emploi à court terme», ont estimé les analystes de Macroeconomic Advisers, dont les estimations mensuelles du produit intérieur brut sont utilisées pour dater expansions et récessions aux États-Unis.

Pour 2012, Macroeconomic Advisers estime à 1,3 point de pourcentage l'apport de ce plan pour la croissance, et à 1,3 million de postes son apport pour l'emploi.

Mark Zandi, de Moody's Analytics, table sur 2 points de pourcentage et 1,9 million d'emplois. Il y voit «un effort louable» du président, mais rappelle le risque que le plan soit amputé par le Congrès, dont les élus républicains refusent de nouvelles dépenses.

«Il y a des raisons incontestables pour lesquelles l'administration Obama et le Congrès devraient apporter plus de soutien budgétaire à l'économie», a soutenu l'économiste.

Pour la banque Goldman Sachs, au lieu de retirer 1,1 point de croissance sans le plan, la politique budgétaire en 2012 ajouterait 0,4 point avec le plan.

«Les prévisionnistes privés ont dit, dans leur évaluation initiale, que cela apporterait une contribution très substantielle à la croissance à un moment où nous en avons besoin, et que cela aiderait à remettre des centaines de milliers voire plus d'Américains au travail», s'est félicité le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner.

«Nous pensons que la chose prudente et responsable à faire maintenant est d'en faire un peu plus pour la croissance à court terme», a-t-il ajouté, lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision Bloomberg TV depuis Marseille.

Les économistes relevaient que M. Obama n'avait pas parlé du financement de ces mesures à ce stade.

«Le président propose de réduire les cotisations sociales et le financement de la protection sociale. Or celle-ci reste la plus grande menace à long terme pour la solvabilité des États-Unis», a commenté Jason Schenker, de Prestige Economics.

Pour compenser le coût de ces mesures, M. Obama a annoncé pour le 19 septembre «un plan de réduction de déficit plus ambitieux» que l'actuel. Aucun détail n'est connu pour le moment.

Pour M. Schenker, cela montre «que les chances d'un effet positif sur le marché du travail et l'économie sont limitées».