La Réserve fédérale des États-Unis a appelé vendredi le gouvernement et le Congrès à prendre des mesures budgétaires pour compléter son action de soutien à l'économie, qui n'a pas vocation à être augmentée dans l'immédiat.

> Le discours de Ben Bernanke (en anglais)

> Blogue de la Bourse: Bernanke passe la balle au Congrès

«La plupart des mesures de politique économique pour soutenir la croissance à long terme sont d'un ressort extérieur à celui de la banque centrale», a déclaré le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, lors d'un discours à Jackson Hole, dans le Wyoming.

Pour lui, «bien qu'il faille s'attaquer de manière urgente à la question de la viabilité des finances publiques à long terme, il ne faudrait pas que ... les responsables politiques en viennent à fermer les yeux sur la fragilité de la reprise économique actuelle».

Alors que le Congrès étale ses divisions sur ces questions, M. Bernanke estime que des mesures de relance budgétaire à court terme n'ont rien d'«incompatible» avec l'objectif d'un retour à la viabilité budgétaire.

Il plaide pour des politiques en faveur de l'emploi, des infrastructures, ou encore de la recherche et du développement.

Le discours de M. Bernanke, était très attendu, après les semaines d'agitation fébrile que viennent de connaître les marchés financiers.

En dépit d'indications contraires, nombre d'investisseurs voulaient croire que le chef de la Réserve fédérale allait donner le signal d'un nouveau cycle d'assouplissement monétaire pour soutenir l'économie, comme il l'avait fait un an plus tôt au même endroit.

Ils auront été déçus. Tout au plus M. Bernanke n'a-t-il pas exclu cette possibilité, en indiquant que la réunion ordinaire du Comité de politique monétaire de la Fed prévue pour le 20 septembre serait prolongée d'une journée pour permettre une «discussion plus complète».

Il s'est contenté de rappeler que la Fed ferait «assurément tout son possible pour aider à retrouver des taux de croissance et d'emploi élevés dans un environnement de stabilité des prix».

La «politique monétaire doit être réactive aux changements économiques, et en particulier, aux perspectives de croissance et d'inflation», a-t-il reconnu. Cependant, a-t-il expliqué, malgré des risques liés à la situation en Europe et à celles des finances publiques américaines à long terme, le scénario retenu par la Fed n'a pas varié: croissance lente susceptible de s'accélérer au fil du temps, retour progressif de l'inflation sous 2,0%.

Il n'a même pas détaillé - comme il l'avait fait en juillet - les mesures que pourrait prendre la Fed pour compléter le concours financier exceptionnel qu'elle a mis en place pour permettre à l'économie américaine de passer la crise.

M. Bernanke ne décide pas seul. Le FOMC est extrêmement divisé sur la voie à suivre. Plusieurs de ses membres pensent que la Fed est déjà allé beaucoup trop loin et qu'elle risque de tout casser en en faisant plus.

Pour Harm Bandholz, économiste de la banque UniCredit, un nouvel assouplissement monétaire «n'est pas totalement exclu», mais n'aura lieu qu'en cas de ralentissement «considérable» de la croissance ou d'un retour des craintes de déflation.

Alors que la croissance du PIB américain au deuxième trimestre a été revue en nette baisse vendredi, à 1,0% seulement, les États-Unis risquent de devoir se contenter un certain temps d'une croissance lente, insuffisante pour faire baisser rapidement un taux de chômage très élevé, qui atteignait 9,1% en juillet.