Les États-Unis ont sept jours pour éviter une «profonde crise économique», a averti Barack Obama hier soir en appelant à un compromis pour dénouer l'impasse dans les négociations sur le relèvement du plafond de la dette.

«Les Américains ont peut-être voté pour un gouvernement divisé, mais ils n'ont pas voté pour un gouvernement dysfonctionnel», a déclaré le président américain lors d'un discours à la nation depuis la salle d'apparat de la Maison-Blanche.

Invoquant le nom d'un ex-président cher aux républicains, Barack Obama a de nouveau prôné une «approche équilibrée» pour réduire les déficits d'environ 4000 milliards de dollars sur 10 ans et éviter que la première économie mondiale ne se retrouve en défaut de paiement le 2 août, faute d'un accord sur le relèvement du plafond de la dette.

Selon le président, une approche équilibrée combinant des coupes budgétaires et des hausses d'impôts aurait emporté l'adhésion de Ronald Reagan.

«Mais aujourd'hui, plusieurs républicains à la Chambre (des représentants) refusent de considérer ce genre d'approche», a-t-il dit après avoir précisé que seulement 2 % des Américains, «les millionnaires et les milliardaires», subiraient des hausses d'impôts dans le cadre de son plan.

«Si vous voulez une approche équilibrée pour réduire le déficit, faites-le savoir à votre élu au Congrès», a ajouté le président en s'adressant aux téléspectateurs.

Barack Obama a pris la parole quelques heures après que les dirigeants du Sénat et de la Chambre des représentants eurent présenté des plans divergents pour mettre fin à l'impasse budgétaire à Washington. Le président a salué la proposition du chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, précisant qu'elle constituerait un «acompte» permettant le relèvement du plafond de la dette.

Cette proposition prévoit un relèvement de la dette suffisant pour tenir jusqu'en 2013, assorti de coupes budgétaires de 2700 milliards de dollars. Elle ne comporte cependant pas de hausses d'impôts, sur lesquelles le président insiste. Et elle ne comprend pas non plus de coupes et de changements dans les programmes de retraite et de santé chers aux démocrates.

La proposition du sénateur Reid suppose en outre des économies d'environ 1000 milliards de dollars grâce à la fin des conflits en Irak et en Afghanistan.

Rejet du camp républicains

Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a rejeté d'emblée ce plan, le jugeant «bourré de gadgets». Dans sa réplique à l'allocution du président, il a par ailleurs accusé ce dernier de «vouloir un chèque en blanc».

«Cela n'arrivera pas aujourd'hui», a-t-il dit.

Les démocrates ont réagi tout aussi froidement au plan que John Boehner a présenté hier après-midi. Ce plan comprend 1200 milliards $ de coupes budgétaires déjà identifiées et 1800 milliards $ de coupes additionnelles à déterminer par un groupe bipartite. Il nécessiterait deux relèvements du plafond de la dette, le premier devant intervenir avant le 2 août, et le deuxième en avril prochain.

Or, le président et ses alliés démocrates au Congrès ont déjà annoncé leur opposition à toute proposition nécessitant de nouvelles négociations sur le relèvement du plafond de la dette en plein coeur de la campagne présidentielle de 2012.

Des parlementaires républicains ont également exprimé leur désaccord sur le plan du chef de file de leur parti à la Chambre. Ils se sont notamment opposés à la tenue d'un vote purement symbolique sur un amendement constitutionnel imposant d'équilibrer le budget.