À deux semaines de la date butoir du 2 août, le président Barack Obama prend une nouvelle fois l'opinion publique à témoin de l'urgence du relèvement du plafond de la dette appelant samedi les élus à «une approche équilibrée» et à des «sacrifices partagés» pour assainir les finances des États-Unis.

À Washington, la semaine a commencé et fini par une conférence de presse du président sur cette épineuse question qui commence à inquiéter Wall Street. Entre les deux, des réunions quotidiennes à la Maison Blanche entre responsables républicains et démocrates du Congrès, restées jusqu'ici sans compromis.

Pour l'heure, aucune négociation n'est prévue ce week-end entre les deux camps alors qu'expire samedi un ultimatum lancé par Barack Obama aux élus de l'opposition du Congrès.

Jeudi, Barack Obama avait donné 24 à 36 heures aux républicains pour qu'ils produisent un plan pour relever le plafond de la dette et réduire le déficit abyssal.

Samedi, le président a profité de son allocution hebdomadaire à la radio pour s'adresser, en public, à l'opposition.

«Il faudra une approche équilibrée, des sacrifices partagés et une volonté de faire des choix impopulaires de chaque côté» pour trouver un compromis, a lancé M. Obama.

«Cela veut dire dépenser moins pour les programmes intérieurs. Cela veut dire dépenser moins sur les programmes de défense (...) et abandonner certaines exemptions d'impôts pour les plus riches Américains», a ajouté le président.

Lors d'une conférence de presse vendredi, il a prévenu les républicains que le «temps presse» pour relever le plafond de la dette et éviter «la fin du monde» que serait un défaut de paiement des États-Unis.

«S'ils (les élus, ndlr) me montrent un plan sérieux, je suis prêt à bouger», a-t-il ajouté. Mais le président a balayé le plan républicain de parvenir à un compromis sans augmenter les impôts. Il a aussi répété sa préférence pour un ambitieux plan de réduction des déficits de 4.000 milliards de dollars sur 10 ans.

Faute d'accord, M. Obama a aussi laissé entendre qu'il pourrait soutenir un complexe plan de repli proposé par le chef de la minorité du Sénat, Mitch McConnell.

Cette proposition républicaine consisterait à réduire de 2.500 milliards de dollars les dépenses fédérales et limiterait les dépenses de l'administration à un certain pourcentage du produit intérieur brut (PIB) encore en discussion. En échange du relèvement du plafond de la dette, elle appellerait à ajouter un amendement à la Constitution pour imposer un budget équilibré.

Les républicains souhaitent soumettre au vote mardi prochain ce plan qui a toutefois peu de chances de franchir le cap du Sénat à majorité démocrate.

Mais M. Obama a disqualifié cette proposition, car elle ne prévoit aucune hausse d'impôts pour les plus aisés. «Le fait de ne rien demander aux plus fortunés d'entre nous (...) ne me paraît pas être un bon plan», a-t-il assuré.

Certains élus du Congrès sont prisonniers «de leur idéologie», a-t-il regretté, une allusion aux républicains soutenus par la mouvance ultra-conservatrice du «tea party» qui refusent catégoriquement toute hausse d'impôts.

Le président estime avoir fait sa part en acceptant de sacrifier d'importants budgets publics et même de toucher aux grands programmes sociaux.

Depuis la mi-mai, la dette fédérale américaine a atteint le maximum légal autorisé de 14.294 milliards de dollars.

Le Trésor a prévenu qu'au-delà du 2 août, il ne pourrait plus contourner ce plafond. Les États-Unis pourraient alors se retrouver en situation de défaut de paiement faute de pouvoir emprunter sur les marchés pour financer ses dépenses.

Seul un vote du Congrès peut permettre de relever ce plafond légal, une opération répétée plusieurs dizaines de fois dans l'histoire récente, mais à laquelle les républicains s'opposent désormais, sous pression du «tea party».

Certains économistes et milieux d'affaires redoutent l'onde de choc pour l'économie mondiale encore convalescente en cas de défaut de paiement.