Pour la deuxième fois en autant de mois, le Fonds monétaire international (FMI) revoit à la baisse sa prévision de croissance de l'économie américaine en 2011 et 2012, mais il bonifie un peu son pronostic sur la canadienne.

Cette année, l'expansion américaine est ramenée de 2,8% à 2,5% tandis que celle de l'an prochain passe de 2,9% à 2,7%.

Le FMI attribue cette révision à trois facteurs: temps inclément durant l'hiver, marasme persistant du marché de l'habitation et prix élevés des biens de base.

À l'échelle mondiale, le FMI estime aussi que les cataclysmes subis par le Japon en mars auront eu des effets néfastes, compensés en partie par la meilleure performance de la zone euro. Voilà pourquoi, l'organisme basé à Washington abaisse de un dixième seulement à 4,3% sa prévision de croissance mondiale mais reconduit à 4,5% celle de 2012.

Sa prévision canadienne s'établit à 2,7% pour 2011 et 2012. C'est un cran de plus pour l'année en cours.

Le pronostic pour les États-Unis est aggravé par le comportement des marchés. Inquiets par le ralentissement qui prévaut depuis l'automne, ils se sont précipités sur les bons du Trésor dont ils font baisser les taux, ce qui relance l'appétit pour les actifs plus à risque, s'inquiète le FMI.

Ce diagnostic de la santé de l'économie américaine est plus pessimiste que celui présenté par la Réserve fédérale, pourtant empreint de prudence. En janvier, la Fed misait sur une croissance de 3,4% à 3,9% cette année. En avril, elle corrigeait le tir et pariait plutôt sur de 3,1% à 3,3%.

Pour 2012, la Fed paraît jovialiste avec une fourchette de 3,5% à 4,2%.

Les économistes financiers s'attendent à une révision à la baisse de ses prévisions, dès mercredi. En reconduisant son taux directeur, qui oscille dans une fourchette de 0% à 0,25% depuis décembre 2008, la Fed devra aussi indiquer quels seront les lendemains de son deuxième programme d'allégement quantitatif (AQ2) qui arrive à terme le 30 juin.

Lancé l'automne dernier, l'AQ2 visait à stimuler le crédit par l'achat de la dette américaine de moyenne échéance jusqu'à concurrence de 600 milliards.

On s'attend cependant à ce qu'elle maintienne sa décision de réinvestir les intérêts et le principal des titres de son portefeuille arrivés à terme, ce qui représente plus de 150 milliards par mois. Agir autrement équivaudrait à un resserrement monétaire, ce qui paraît encore contre-indiqué malgré les pressions inflationnistes qui pointent.

Les récents indicateurs économiques donnent des signaux équivoques. Ainsi on apprenait hier que l'indicateur avancé du Conference Board s'était redressé en mai après un recul inquiétant en avril. Toutefois, selon l'Université du Michigan, la confiance des ménages a fléchi en juin, malgré le repli des prix de l'essence.

Les esprits les plus chagrins voient des similitudes entre la situation actuelle et celle du printemps 2007, alors que les États-Unis s'apprêtaient à entrer en récession (officiellement en décembre selon le National Bureau of Economic Research alors que c'est octobre 2008 pour nous, selon Statistique Canada).

Il y a cependant des différences inquiétantes: tant la Fed que Washington sont à cours de munitions tandis que le marché de l'habitation n'a pas cessé de s'enfoncer depuis quatre ans. Pire, note Sal Guatieri de BMO Marchés des capitaux, «les cinq banques les plus grandes contrôlent une part encore plus grande des actifs financiers».

Le FMI lance d'ailleurs une mise en garde. Pour que la reprise soit plus solide, il faut «accroître la solidité du système financier, notamment pour permettre de purger les séquelles de la crise dans les économies avancées et faire aboutir le plus rapidement possible le travail de réformes financières».

Cela concerne autant sinon plus l'Europe que les États-Unis. Pour ces derniers, l'organisme basé à Washington avait un autre avertissement: il y a peu de progrès manifestes pour sortir de l'impasse politique liée «au nécessaire assainissement des finances publiques».