Le prince saoudien al-Walid ben Talal a mis en garde vendredi les États-Unis contre le poids écrasant de leur dette publique qu'il a qualifiée de «bombe à retardement».

«À l'étranger, en dehors des États-Unis, nous pensons que vous n'accordez pas assez d'attention à cette bombe à retardement que vous avez ici en ce moment-même», a-t-il déclaré sur le plateau de la télévision américaine CNBC.

«Vous avez besoin de changements structurels aux États-Unis», a-t-il ajouté, vous ne pouvez pas vivre indéfiniment avec des déficits de mille milliards de dollars», a ajouté cet investisseur milliardaire, neveu du roi Abdallah d'Arabie.

Le déficit annuel de l'État fédéral américain dépasse les mille milliards de dollars depuis l'exercice 2009 et tourne actuellement autour de 10% du PIB des États-Unis.

La Maison Blanche prévoit que le déficit ne repassera sous la barre des 1000 milliards qu'en 2013. Selon ses prévisions il représentera alors 4,6% du PIB, contre 7% en 2012.

Interrogé sur l'impasse au Congrès sur le relèvement du plafond légal de la dette publique qui a forcé le Trésor américain a prendre des mesures d'exception pour pouvoir permettre à l'État fédéral de continuer de fonctionner aussi normalement que possible, le prince al-Walid a reproché aux États-Unis de «jouer à la roulette».

«Vous êtes les États-Unis, vous êtes au premier rang mondial. Vous ne pouvez pas jouer de la sorte», a-t-il dit.

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a prévenu à de nombreuses reprises que si le plafond de la dette publique américaine n'était pas relevé d'ici au 2 août, les États-Unis risquaient de se retrouver en situation de défaut de paiement sur certaines de leurs obligations, ce qui aurait selon lui des conséquences catastrophiques pour le pays.

Cela risquerait aussi de déstabiliser l'ensemble des marchés financiers mondiaux en ces temps de troubles, dans la mesure où les obligations du Trésor américain sont réputées comme étant un placement sûr par excellence, au même titre que l'or, ou presque.

Le marché des titres d'État américains ne montre cependant aucun signe d'inquiétude pour l'instant: les investisseurs restent persuadés, comme M. Geithner, que le Congrès finira par trouver un compromis.

La dette publique américaine soumise au plafond de la dette est maintenue juste au-dessous de ce seuil (14 294 milliards de dollars) depuis lundi.

Pour le prince al-Walid, les problèmes de la dette et des déficits américains devraient être d'autant plus difficiles à résoudre que la croissance économique des États-Unis risque d'être «lente» pendant «quelques années» encore.

Partisan de réformes qui ouvriraient l'Arabie à la modernité occidentale tout en lui conservant son identité musulmane et bédouine, le prince al-Walid contrôle directement ou indirectement de grosses participations dans plusieurs sociétés américaines de premier plan comme Citigroup, Apple ou NewsCorp.