La major américaine du disque Warner Music, dont le catalogue comprend des artistes comme Metallica, Green Day, REM, ou encore Frank Sinatra, a annoncé vendredi qu'elle tombait dans l'escarcelle du milliardaire russo-américain Len Blavatnik pour 3,3 milliards de dollars.

Le mythique label musical, coté à New York, a une capitalisation boursière de plus de 700 millions de dollars et a dégagé un chiffre d'affaires de près de trois milliards de dollars sur son dernier exercice, mais il accumulait les pertes et surtout, ployait sous une dette de 1,9 milliard de dollars.

Len Blavatnik, par l'intermédiaire de sa holding Access Industries, va verser en cash 8,25 dollars par titre aux actionnaires et reprendre toute la dette du groupe, ce qui valorise l'opération à 3,3 milliards de dollars.

Ancien administrateur de Warner Music entre 2004 et 2008, il détenait déjà 2% du capital.

Cet industriel et philanthrope né en Russie a immigré aux Etats-Unis en 1978 et acquis la nationalité américaine en 1984. Diplômé des prestigieuses universités Columbia et Harvard, il détient des intérêts dans les matières premières et la chimie, les médias, l'immobilier, les technologies et la distribution.

Warner Music était jusqu'alors contrôlé à 56% par trois sociétés d'investissement en capitaux propres: Thomas H. Lee Partners, Bain Capital et Providence Equity Partners, auquel s'ajoutait l'homme d'affaires canadien Edgar Bronfman.

Ce dernier avait racheté l'entreprise à Time Warner en 2004 pour 2,6 milliards de dollars, et en était depuis le PDG.

L'opération devrait être finalisée au troisième trimestre. Approuvée par le conseil d'administration et les actionnaires principaux, elle doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence, mais les analystes ne s'attendent pas à une opposition de leur part.

«Nous pensons que cette transaction représente une chance exceptionnelle de maximiser la valeur (de Warner Music) qui sert au mieux les intérêts des actionnaires, des fans de musique, de nos artistes et des gens merveilleux de cette entreprise», a commenté M. Bronfman.

Len Blavatnik a pour sa part salué dans WMG «une entreprise formidable avec un héritage fort (...) et un vivier d'artistes exceptionnels».

«L'industrie musicale est à un point d'inflexion où l'adoption des technologies numériques gagne de la vitesse» et Warner Music «est bien positionné pour saisir l'opportunité que cela représente pour la création et la distribution de musique», a renchéri Jorg Mohaupt, directeur des médias chez Access Industries, la holding de M. Blavatnik.

Une fois le rachat finalisé, Warner Music Group sera retiré de la cote. Intégré à Access Industries, le label gardera son nom, son siège social et son PDG.

«Nous ne pensons pas qu'une nouvelle équipe de direction gèrerait cette entreprise mieux qu'Edgar Bronfman et son équipe actuelle, qui ont fait grossir la part de marché, réduit les coûts, et se sont lancés rapidement et aggressivement dans les modèles d'activité numériques», a commenté Deutsche Bank dans une note.

Pour le site d'analystes 24/7Wallst.Com, ce rachat «va marquer la fin des (grands) studios, sous pression à cause des labels indépendants lancés par des musiciens mais aussi à cause d'internet, où les artistes ont commencé à distributer directement leur musique aux consommateurs ou par l'intermédiaire de systèmes de distribution».

Le Wall Street Journal indiquait récemment que les propriétaires de Warner Music souhaitaient finaliser la vente rapidement, avant la mise en vente de leur concurrent EMI Group.