En attendant de connaître le nom de son adversaire du parti républicain pour la présidentielle de 2012, le président américain sortant Barack Obama sait déjà que son principal défi en vue de cette échéance sera de convaincre l'électorat que l'économie est sur la bonne voie.

Elle a déjà fait des progrès impressionnants depuis plus de deux ans que M. Obama est au pouvoir: la croissance économique est passée de -4,9% à +3,1%, et le chômage a amorcé sa décrue.

Mais une victoire économique décisive qui le propulserait vers la réélection en novembre 2012 n'est pas encore en vue. Il reste quelque 13,5 millions de chômeurs, l'administration fonctionne avec des déficits record, le marché immobilier traverse encore des hauts et des bas, et le prix de l'essence approche ses records de 2008.

Or, deux Américains sur trois voient dans l'économie le plus gros problème du pays, et c'est à M. Obama qu'ils en font porter la responsabilité. Ils sont également presque deux sur trois à désapprouver sa gestion de l'économie, un taux record depuis qu'il est arrivé au pouvoir en janvier 2009, même si c'est sous son administration que le pays est sorti de la pire récession depuis 80 ans.

C'est la politique mise en oeuvre pour sortir de la crise qui est la plus critiquée aujourd'hui: les plans de relance et de sauvetage sont accusés d'avoir gonflé dangereusement l'endettement du pays, qui atteint le chiffre record de 14 000 milliards de dollars.

Sous l'impulsion de l'aile droite des républicains, les thèmes du déficit et de la dette sont devenus des motifs majeurs de mécontentement. La Maison Blanche se défend en expliquant que le chômage serait bien plus élevé si elle n'avait pas effectué ces dépenses.

«Nous avons fait des progrès extraordinaires lors des deux ans et demi écoulés. Nous avons fait sortir l'économie de la récession. Nous avons stabilisé le système financier», a affirmé la semaine dernière M. Obama.

Mais il a aussi noté qu'il y avait encore beaucoup à faire.

«La reprise a vraiment été plus lente qu'on ne l'attendait», reconnaît Phillip Swagel, un ancien conseiller économique de la présidence.

M. Obama «peut encore faire valoir qu'il a hérité d'une situation difficile, mais cela devient plus dur quand l'économie tourne à plein régime», du moins quand il s'agit des résultats des grandes entreprises, ajoute-t-il.

Et les démocrates, qui comptent sur un sursaut de l'économie juste avant les élections, risquent d'être déçus: la Réserve fédérale se prépare à cesser progressivement son soutien à l'économie et la dette rend des investissements publics massifs improbables, si bien qu'une chute brutale du chômage est improbable.

Pour Tony Fratto, ancien conseiller de l'ancien président George W. Bush, «la grande question pour le président (Obama) est de savoir si l'économie va s'autoalimenter».

La Réserve fédérale estime que le taux de chômage se situera entre 7,7% et 8,2% en 2012, un taux certes moins élevé que les 8,9% actuels, mais encore des niveaux records pour une saison électorale depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui pourrait rassurer Obama, c'est que depuis 2009, le chômage a plafonné à 10,1%, alors qu'il avait atteint 10,8% pendant le premier mandat de Ronald Reagan (1981-85), seul président américain en 60 ans à être réélu avec un chômage dépassant les 7%.

Mais ses arguments ont du mal à porter dans plusieurs États-clés où le chômage dépasse largement la moyenne nationale, notamment la Floride, l'Ohio, ou la Californie.