Contrairement à la Banque centrale européenne qui a remonté son principal taux directeur jeudi, la Réserve fédérale des États-Unis ne semble pas pressée de relever le sien, même si l'inflation commence à inquiéter certains de ses dirigeants.

La Fed maintient son taux directeur quasi nul depuis décembre 2008.

Son Comité de politique monétaire (FOMC) a répété le 15 mars, comme il le fait depuis deux ans, que le niveau élevé du chômage et la modération de l'inflation étaient «susceptibles de justifier» encore longtemps un taux directeur «exceptionnellement bas».

La BCE a annoncé jeudi avoir relevé à 1,25% son principal taux directeur, qu'elle maintenait à 1% depuis vingt-trois mois.

Son président, Jean-Claude Trichet, a déclaré que «les risques d'inflation (étaient) en hausse» et rappelé que le mandat premier de la BCE était de maintenir l'inflation à un niveau légèrement inférieur à 2%.

En mars, l'inflation a été supérieure à cet objectif pour le quatrième mois d'affilée, atteignant 2,6% sur un an en moyenne dans la zone euro.

La situation est différente aux États-Unis, où la banque centrale a pour double mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix, ce que les dirigeants de la Fed interprètent actuellement comme étant synonyme d'une inflation comprise entre 1,6 et 2,0%.

Sous l'effet de la montée des cours du pétrole, la hausse de l'indice des prix de référence de la Fed s'est nettement accélérée en février (les chiffres de mars ne seront connus que le 29 avril), mais n'a atteint que 1,6%, tandis que l'inflation de base (hors alimentation et énergie) restait extrêmement faible, à 0,9%.

Parallèlement, la situation économique du pays s'améliore. Le FOMC estime que la reprise repose désormais «sur des bases plus solides», et le taux de chômage (8,8% en mars) a baissé pour le quatrième mois d'affilée.

La Fed ne se satisfait cependant pas de ce résultat.

Jugeant que la hausse des prix du pétrole ne devrait avoir que des effets «temporaires» sur les prix à la consommation aux États-Unis, le FOMC a annoncé le 15 mars que la Réserve fédérale comptait continuer de soutenir la reprise à plein régime.

Cela signifie qu'en plus de maintenir son taux directeur entre 0 et 0,25%, elle compte continuer de créer des dollars à tour de bras jusqu'à la fin du mois de juin pour maintenir le plus bas possible les taux d'intérêt à long terme en rachetant des obligations d'État américaines.

Ce type de politique monétaire très accommodante a tendance à stimuler l'activité - en rendant le crédit moins cher - mais aussi l'inflation, tandis qu'une politique restrictive (taux d'intérêt élevé) a tendance à contenir la hausse des prix.

Pour cette raison, un petit nombre de dirigeants de la Fed s'inquiètent de voir semées ainsi les graines d'une inflation incontrôlable, comme l'ont confirmé mardi les minutes du dernier FOMC.

Ils restent minoritaires au vu des déclarations publiques des uns et des autres depuis la mi-mars, mais les choses pourraient changer si les attentes d'inflation, pour l'instant plutôt stables, venaient à monter, annonçant ainsi une accélération de la hausse des prix.

Dans les faits, cependant, la Fed baisse imperceptiblement son taux depuis le séisme du 11 mars au Japon : il tournait alors autour de 0,15%, mais est tombé lundi et mardi à 0,09%, son plus bas niveau depuis décembre 2009.