Les chiffres officiels de l'emploi aux États-Unis attendus vendredi pourraient faire apparaître une nouvelle progression forte des embauches en mars, qui n'aurait néanmoins aucun effet sur le taux de chômage, encore très élevé pour le pays.

Selon la prévision médiane des analystes, le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail devrait faire apparaître 185 000 embauches nettes dans le pays, soit 4% de moins qu'en février.

Bien que cela traduise un rythme de créations d'emploi soutenu, la prévision des analystes donne un taux de chômage stable par rapport au mois précédent, où il était tombé à 8,9%, son plus bas niveau depuis avril 2009.

Le chômage a chuté de 0,9 point de pourcentage depuis la fin du mois de novembre.

L'éventuelle stabilité du taux de chômage en mars, en dépit d'embauches soutenues pour le deuxième mois d'affilée, pourrait s'expliquer par le retour sur le marché de l'emploi, à la faveur de l'amélioration de la conjoncture, de nombreux chômeurs jusque là découragés et exclus pour cette raison des statistiques.

Selon l'enquête mensuelle publiée mercredi par le cabinet de conseil en ressources humaines ADP, les créations d'emploi du secteur privé ont légèrement ralenti en mars, mais sont restées fortes, avec 201.000 embauches nettes.

Ce chiffre s'avère inférieur à la prévision médiane des analystes, qui donnait 210 000 créations de postes en mars, mais ADP estime qu'il est «conforme aux attentes» pour les chiffres officiels de vendredi.

Pour Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, «les entreprises embauchent, et les licenciements étant minimes, le marché du travail va visiblement de mieux en mieux».

Un peu déçu par le résultat de l'enquête ADP, son collègue Ian Shepherdson, du cabinet HFE, estime néanmoins que «d'une manière générale, le message est positif»: par rapport à l'automne, la tendance est à l'évidence à une accélération forte des embauches.

Selon ADP, «la moyenne mensuelle des créations d'emploi sur les quatre derniers mois - décembre à mars - a été de 211.000, ce qui est conforme à une baisse graduelle quoique irrégulière du taux de chômage».

Les dirigeants de la banque centrale (Fed) estiment d'une manière générale que 150 000 nouveaux emplois sont nécessaires chaque mois pour absorber simplement les jeunes gens arrivant sur le marché du travail.

Officiellement, les États-Unis n'ont encore regagné que 1,3 million d'emplois sur les quelque 8,7 millions perdus pendant la crise, et le retour du taux de chômage a un niveau jugé normal pour le pays s'annonce long.

La Fed a cependant reconnu le 15 mars, à l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire, que le marché du travail s'améliorait «progressivement» et a cessé de dire que la marche vers un retour au plein emploi se faisait à un rythme «décevant par sa lenteur».

Inna Mufteeva, analyste de la banque française Natixis, note que si la tendance de l'emploi privé est à la hausse, l'emploi public, en baisse sur huit des neuf derniers mois, est destiné à baisser encore «du fait des restrictions budgétaires à venir pour l'État fédéral, les États fédérés et les collectivités locales».