Le coût du chasseur F-35, le Joint Strike Fighter (JSF), a tellement augmenté que les États-Unis et leurs alliés pourraient réduire le nombre d'appareils qu'ils voulaient acquérir.

C'est la mise en garde que l'équivalent américain du bureau du vérificateur général, le Government Accountability Office (GAO), a lancée cette semaine à Washington.

«Le coût d'acquisition estimé pour chaque appareil JSF a presque doublé depuis le début du programme et les nouvelles prévisions indiquent que les coûts de maintenance de ces appareils seront beaucoup plus élevés que pour les chasseurs qu'ils remplaceront, a déclaré le directeur des acquisitions et approvisionnements du GAO, Michael Sullivan, devant un comité de la Chambre des représentants. Le dépassement des coûts du JSF érode le pouvoir d'achat des États-Unis et de leurs alliés: il pourrait leur être plus difficile d'acquérir et de maintenir autant d'appareils qu'ils le désiraient au départ.»

Or, si la quantité d'appareils commandés diminue, les coûts unitaires du JSF augmenteront, a affirmé M. Sullivan. «La préservation d'un coût abordable pour le JSF est essentielle», a-t-il lancé.

Au début du programme, en 2001, on s'attendait à ce que le coût moyen d'acquisition d'un appareil tourne autour de 69 millions US. À l'heure actuelle, on prévoit plutôt un prix de 133 millions US. Ces chiffres ne comprennent pas les coûts d'entretien à long terme.

Le gouvernement Harper a annoncé son intention de commander 65 appareils F-35, mais le Parti libéral a fait savoir qu'il annulerait cette décision s'il prenait le pouvoir aux prochaines élections, notamment en raison des coûts élevés du projet.

Le GAO a indiqué que les coûts estimés de développement des trois variantes du JSF avaient augmenté de 26% depuis le lancement du programme pour atteindre 56,4 milliards US. La période de développement devait se terminer en 2013. Elle devrait plutôt se terminer en 2018.

Au départ, les États-Unis prévoyaient investir 233 milliards US pour développer le JSF et acquérir 2457 appareils d'ici 2035. Ils devront plutôt faire face à une facture de 385 milliards US. M. Sullivan a noté qu'après déjà neuf années de développement, le design du JSF faisait encore l'objet de modifications.

«Depuis 2007, les ingénieurs ont dû soumettre 20 000 dessins additionnels, soit environ cinq fois plus que ce qui est suggéré en fait de meilleures pratiques», a-t-il déclaré.

Il a ajouté que les essais prennent plus de temps que prévu, notamment en raison de délais dans le développement et l'intégration des logiciels essentiels pour la performance de l'appareil.

«Les autorités ont sous-estimé le temps et les efforts nécessaires pour développer et intégrer les logiciels, ce qui contribue de façon significative aux dépassements de coûts et aux retards», a-t-il déclaré.

Le développement d'une des versions de l'appareil, le STOVL (décollage et atterrissage à la verticale), connaît tellement de problèmes que le département américain de la Défense a ordonné une période de probation de deux ans sur le développement de cette version. Cette décision fait partie d'une profonde restructuration de l'ensemble du programme

«Si le Département met cette restructuration en place de façon efficace et soutenue, celle-ci devrait remettre le programme du JSF sur une base plus ferme et lui permettre d'atteindre des résultats plus prévisibles et accessibles», a déclaré M. Sullivan.

Il a toutefois indiqué que cette restructuration entraînait elle-même un certain nombre d'inconvénients, comme des coûts de développement plus élevés à court terme et des délais quant aux essais et à la formation.