L'endettement collectif des États-Unis a progressé de 0,6% en 2010 pour atteindre 50.531,8 milliards de dollars au 31 décembre, selon des chiffres officiels publiés jeudi à Washington.

Ce chiffre, qui représente trois fois et demi la dernière estimation officielle du PIB du pays pour 2010, correspond à l'intégralité de la dette publique et privée de l'Amérique.

On l'obtient grâce aux tableaux de la comptabilité nationale publiés par la banque centrale américaine (Fed) en additionnant la dette des ménages, des entreprises non financières et du secteur public (36 295,5 milliards de dollars et celle du secteur financier (14 236,3 milliards).

C'est un chiffre brut, qui ne tient pas compte du patrimoine des personnes physiques et morales aux États-Unis, lequel pourrait éventuellement servir au remboursement de la dette.

Il est cependant encore incomplet, puisqu'il ne tient compte que de la dette circulant sur les marchés financiers et donc pas des retards de paiement de l'État fédéral, des États fédérés, et des collectivités locales aux diverses caisses de sécurité sociale que ceux-ci sont censés alimenter.

Il réduit ce faisant la dette de l'État fédéral de plus de 4600 milliards de dollars (si on recoupe le chiffre de la Fed avec les données du Trésor), et de 2000 à 3000 milliards de dollars celle des États fédérés et des collectivités locales, selon une estimation mentionnée début mars par le président de la Fed, Ben Bernanke.

Particularité américaine: la dette des organismes de refinancement hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, nationalisés en septembre 2008, n'est pas comptabilisée avec celle de l'État fédéral mais avec celle du secteur financier.

Le document publié par la Fed donne des chiffres remontant jusqu'en 1979. Il montre que la dette nationale brute des États-Unis n'a cessé d'augmenter entre cette année-là et 2008, où elle avait culminé à 50 724,4 milliards de dollars.

En 2009, elle avait baissé de 0,9%. Malgré les déclarations répétées du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, selon lesquelles les États-Unis doivent apprendre à vivre «selon leurs moyens», le répit n'aura été que de courte durée.

Les données montrent que l'endettement hors secteur financier a progressé de 5,1% en rythme annualisé au quatrième trimestre, soit sa vitesse la plus rapide en deux ans.

L'endettement des États fédérés et des collectivités locales a progressé comme jamais depuis le deuxième trimestre 2007, et celui des entreprises à une vitesse inédite depuis l'été 2008.

Quant aux ménages, ils ont continué de se désendetter, mais au rythme le plus lent depuis le troisième trimestre 2008. Cette réduction de leur dette s'explique par un nouveau recul des emprunts immobiliers. Le crédit à la consommation, à l'inverse, est reparti, après deux ans de baisse.

«Nous ne considérons pas que cette évolution est particulièrement encourageante», écrit Harm Bandholz, analyste de la banque italienne Unicredit dans une note de conjoncture.

Pour lui, la remontée de la dette nationale brute américaine «signifie que les États-Unis sont parvenus à sortir de la crise de la dette en augmentant encore plus de dettes».

«On voit mal comment cette stratégie pourrait réussir à moyen ou long terme», ajoute-t-il.