Les dépenses de consommation des ménages ont rebondi timidement aux États-Unis en 2010, malgré leur nette accélération du quatrième trimestre, selon des chiffres publiés par le département du Commerce.

Sur l'ensemble de l'année, elles ont progressé de 3,5%, après avoir connu en 2009 leur premier recul en cinquante ans au moins (-1,0%), indiquent ces données.

Ce rebond apparaît faible eu égard à la progression habituelle de la consommation des ménages, moteur de la croissance américaine: si l'on exclut les années de crise de 2008 et 2009, il faut remonter à 1961 pour trouver trace d'une hausse annuelle moins forte des dépenses des ménages (3,1%).

En termes réels - c'est-à-dire corrigé des effets de l'inflation, la consommation a augmenté de 1,8% en 2010, soit plus vite que le revenu disponible des Américains, dont la hausse a atteint 1,4%.

En conséquence, le taux d'épargne des Américains (ratio des sommes mises de côté au revenu disponible) a reculé de 0,1 point par rapport à 2009, pour s'établir à 5,8%. Cela reste un des taux les plus élevés mesurés depuis 1993.

Selon le ministère, les revenus bruts des Américains ont augmenté de 3,0% en 2010, après avoir chuté de 1,7% en 2009.

La progression de la consommation s'est nettement accélérée au dernier trimestre. Les chiffres officiels du PIB publiés vendredi ont montré que les dépenses des ménages avaient augmenté de 4,4% au cours des trois derniers mois de l'année, où la croissance économique a atteint 3,2% en rythme annuel.

La consommation a assuré à elle seule plus de 3 points de croissance, ce qui n'était plus arrivé depuis le premier trimestre de 2006.

Les chiffres publiés lundi montrent que les dépenses de consommation des ménages se sont accélérées un peu plus que prévu en décembre, puisqu'elles ont augmenté de 0,7% par rapport au mois précédent (après une hausse de 0,3% en novembre), alors que les analystes avaient estimé leur hausse à 0,6%.

Economiste de l'institut HFE, Ian Shepherdson, juge qu'il y a «peu de chance que la croissance de la consommation de 4,4% au quatrième trimestre puisse être maintenue». «La croissance des revenus n'est pas assez robuste», estime-t-il.

Son confrère Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors est du même avis. «Il faut que la rémunération et les salaires augmentent davantage pour que les consommateurs continuent» d'acheter, note-t-il.

Les chiffres du ministère viennent rappeler à quel point la reprise de l'économie américaine reste peu dynamique, un an et demi après son début, par comparaison avec les sorties de crise des cinquante dernières années.

En 1983, par exemple, au sortir de la violente récession qui avait pris fin en novembre 1982, les dépenses de consommation des ménages avaient rebondi de 5,7% en termes réels.

Pour M. Naroff, cela explique que la banque centrale des Etats-Unis (Fed) n'ait pas prévu de modifier sa politique ultra-accommodante «avant un certain temps», afin de stimuler au maximum la reprise de l'emploi, la croissance économique restant toujours insuffisante pour permettre une baisse rapide du chômage.