Le Bureau du budget du Congrès des États-Unis a prévenu mercredi les élus qu'ils allaient rapidement devoir trouver des moyens de réduire le déficit, parti pour battre un record à près de 1500 milliards de dollars.

D'après les projections de cet organisme indépendant des élus et des partis, l'exercice 2011 (octobre-septembre) est bien mal engagé. «Dans l'hypothèse où les politiques d'imposition et de dépenses se déroulent comme prévu dans la loi aujourd'hui», le trou sera de 1480 milliards.

Ce serait davantage que les 1416 milliards de 2009 et que les 1294 milliards de 2010. Et en d'autres termes, cela signifierait que pour chaque dollar dépensé, l'État emprunterait 40 cents.

Dans un monde où beaucoup de gouvernements ont prévu de réduire le déficit budgétaire coûte que coûte, les États-Unis partageraient alors avec le Japon le privilège d'augmenter le leur. Il monterait à 9,8% du produit intérieur brut.

«La hausse des recettes sera limitée par le rythme lent et incertain de la reprise et par la loi de 2010 sur l'impôt sur le revenu», qui a prolongé pour deux ans des exonérations accordées à tous les ménages en 2001 et 2003, a indiqué le Bureau du budget (CBO).

«En outre, les dépenses de nombreux programmes devraient, selon les projections, continuer à croître et dépasser les réductions de dépenses (dans l'indemnisation du chômage, par exemple) permises par l'amélioration de la conjoncture économique», a-t-il ajouté. Les élus des deux camps ont déjà promis d'agir pour éviter ce triste record.

«Nous ne pouvons pas continuer à reporter. Il nous faut un accord cette année», a affirmé le président démocrate de la commission du budget du Sénat, Kent Conrad.

Mais à Washington depuis les élections législatives de novembre, rien n'est simple. Le chef de file du groupe républicain au Sénat, Mitch McConnell, a répondu que sa priorité restait d'abroger la réforme de la couverture santé promulguée en mars.

Mardi, dans son discours annuel sur l'état de l'Union, le président Barack Obama avait suggéré des pistes aux parlementaires.

«Supprimez les niches fiscales. Uniformisez les règles», disait-il. «Je demande au Congrès de mettre fin aux milliards de dollars pris aux contribuables que nous donnons aujourd'hui aux compagnies pétrolières. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais elles se portent tout à fait bien». Pendant ce temps, la dette publique grimpe à un rythme à peu près constant, de 1000 milliards de dollars tous les six à sept mois. En décembre, elle franchissait la barre des 14 000 milliards.

Elle se rapproche d'une autre barre: les 100% du produit intérieur brut, lequel devrait être pour 2010 aux alentours des 14 700 milliards. Une première estimation de ce chiffre est attendue vendredi.

«Avec une telle hausse de la dette, en plus de la hausse prévue des taux d'intérêt avec le renforcement de la reprise économique, le paiement des intérêts est voué à exploser lors de la décennie à venir», s'est alarmé le Bureau du budget du Congrès.

Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) lançait aussi de sombres présages. «L'absence d'une stratégie budgétaire de moyen terme crédible finirait par faire monter les taux d'intérêt aux États-Unis, ce qui pourrait se révéler nuisible pour les marchés financiers et l'économie du monde entier», écrivait-il.