Après l'échec de son camp aux élections de mi-mandat, Barack Obama tentera mardi soir de convaincre l'opinion américaine du bien-fondé de sa stratégie pour accélérer la reprise et créer des emplois, à l'occasion du traditionnel discours sur l'état de l'Union. Une allocution qui intervient alors que l'économie américaine donne des signes encourageants.

Barack Obama se présentera mardi soir devant les deux chambres réunies du Congrès, à Washington, auréolé d'une cote de popularité de 53%, en hausse de six points depuis novembre. Les élections de mi-mandat ont vu les républicains prendre le contrôle de la Chambre des représentants et réduire la majorité démocrate au Sénat.

Mais le président a depuis marqué des points, concluant notamment un accord fiscal avec l'opposition républicaine et tendant la main aux milieux d'affaires. M. Obama profite également de signaux économiques positifs alors que l'économie et le chômage restent la première préoccupation des Américains.

Sur 84 économistes travaillant pour des sociétés ou organisations membres de l'Association nationale pour l'économie d'affaire (NABE), 82% s'attendent désormais à une croissance du produit intérieur brut américain de 2% à 4% en 2011, contre 54% en octobre, montre une étude publiée lundi.

Les chances de Barack Obama d'être réélu pour un second mandat en 2012 dépendront sans doute largement de l'état de l'économie américaine, qui se remet de sa pire crise depuis la Grande Dépression des années 1930.

Durant son discours, le président devrait s'efforcer de convaincre les Américains, notamment les électeurs indépendants, de la pertinence de sa stratégie pour stimuler la croissance et faire reculer un taux de chômage qui reste élevé à 9,4%.

Dans une vidéo diffusée samedi, il souligne qu'il mettra l'accent sur les questions économiques, notamment l'emploi. Il parle également d'investir dans la formation professionnelle, la recherche et la technologie, ce qui a suscité de fortes réserves chez les républicains, détracteurs de l'énorme dette publique du pays.

«Chaque fois qu'on veut dépenser, on parle d'investissement, je pense donc que vous entendrez Barack Obama dire qu'il faut beaucoup investir mardi soir, a ironisé le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell. Nous examinerons ses recommandations. (...) Mais ce n'est pas le moment d'envisager une hausse des dépenses de l'État dans de nombreux domaines.»

Même son de cloche chez le No2 du groupe républicain à la Chambre des représentants, Eric Cantor. «Quand nous entendons le mot «investir» prononcé par quelqu'un à Washington, pour moi cela signifie davantage de dépenses.» Et d'ajouter: «Les investissements doivent être réalisés dans le secteur privé.»

Le budget militaire - 700 milliards de dollars US - constitue une importante source potentielle d'économies pour les finances publiques. Démocrates et républicains semblent prêts à envisager une baisse des dépenses dans ce secteur. Mais aucun des deux partis ne prône des coupes draconiennes dans le budget militaire alors que l'armée américaine reste engagée sur deux fronts: en Irak et en Afghanistan.

Barack Obama ne devrait pas accorder une grande place aux deux guerres dans son discours. Il sait en effet qu'il n'a aucune chance de rallier le soutien des ultraconservateurs du Tea Party, hostiles à ces conflits. Quant à l'aile gauche du Parti démocrate, également opposée à ces guerres, il est fort probable qu'elle votera malgré tout pour sa réélection en 2012.