En dépit de la pompe d'une visite d'état et du tapis rouge déroulé pour le président chinois Hu Jintao, l'administration Obama a réduit ses ambitions initiales d'un vaste partenariat avec le nouveau géant asiatique, loin du «G2» un temps évoqué, selon des analystes.

«En nous tournant vers l'avenir, ce qu'il faut, je pense, est un esprit de coopération qui relève également de la compétition amicale», a résumé mercredi le président américain Barack Obama qui n'a pas hésité à aborder de front avec son homologue chinois les sujets qui fâchent, droits de l'Homme ou tensions économiques et monétaires.

Une définition bien en retrait des ambitions initialement affichées par Washington à l'arrivée de M. Obama à la Maison Blanche.

En 2009, la secrétaire d'état Hillary Clinton, lors de son premier voyage en Chine, un mois à peine après son entrée en fonctions, s'enthousiasmait ainsi pour «les opportunités de travailler ensemble sans pareilles au monde».

Mercredi, elle se contentait de souhaiter «que nous ayons une relation normale». «Nous serons en concurrence dans certains domaines, cela ne fait pas de doute. Mais nous allons coopérer dans bien des secteurs».

Bien loin de la vision souvent évoquée au début du mandat de M. Obama d'un «G2», directoire américano-chinois qui pèserait sur les affaires du monde, et faisait les espoirs, ou les craintes, des diplomates et responsables politiques mondiaux.

«Un des axes principaux de la politique étrangère initiale du président Obama était de chercher la coopération d'autres puissances, dont la Chine, pour s'attaquer aux grands problèmes internationaux», rappelle Robert Sutter, professeur associé d'études asiatiques à l'université de Georgetown à Washington.

«Il y a travaillé dur, mais s'est rendu compte que les dirigeants chinois n'offraient qu'une coopération limitée sur des questions comme le changement climatique, poursuit-il, en référence au sommet de Copenhague de fin 2009, dont l'échec avait été attribué aux blocages de Washington et, surtout, Pékin, les deux plus gros pollueurs de la planète.

Pour Dan Blumenthal, du American Entreprise Institute, un centre de réflexion conservateur, l'infléchissement américain relève du «principe de réalité qui s'installe».

«Les deux pays sont profondément interdépendants économiquement, mais rivaux concernant l'avenir de l'Asie», relève-t-il, citant des intérêts divergents sur la Corée du Nord, Taïwan ou les différends territoriaux en mer de Chine du Sud.

Charles Freeman, spécialiste de la Chine au Centre d'études stratégiques internationales, estime même que les efforts américains pour impliquer Pékin dans les affaires du monde sont désormais «à un tournant».

Car si certains présument que la Chine souhaite avoir sur la scène internationale un poids à la hauteur de son importance économique, l'expert rappelle que Pékin n'en a pas fini avec le principe édicté par Deng Xioping, père de la transformation économique de la Chine, préconisant de faire «profil bas» pendant que le pays construit ses forces.

Et d'avertir que «chercher à ce que la Chine assume un rôle de leader international pour des objectifs destinés, en tout cas en partie, à préserver la primauté américaine n'est pas facile à accepter pour la plupart des Chinois».