Les débats internes à la banque centrale des États-Unis (Fed) sur la politique monétaire la mieux appropriée pour le pays ont repris, dans la perspective d'une accélération probable de la reprise en 2011.

Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a prédit vendredi dernier une légère amélioration de la croissance économique américaine cette année par rapport à 2010, insuffisante néanmoins pour faire baisser de manière acceptable un chômage très élevé (9,4% en décembre).

M. Bernanke est la seule personne habilitée à parler au nom du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), et cette appréciation reflète donc le consensus des dirigeants de la banque centrale.

Cela ne veut pas dire que les débats n'existent pas au sein du FOMC. Mettant fin à la trêve du tournant de l'année, plusieurs de ses dirigeants se sont exprimés ces jours-ci sur la façon dont ils envisagent l'avenir.

Le FOMC regroupe normalement les sept gouverneurs de la Fed (six seulement aujourd'hui, un siège étant vacant) et les présidents des douze antennes régionales de la banque centrale.

Les décisions s'y prennent par consensus sous l'autorité du président de la Fed, et sont rendues publiques dans un communiqué soumis à un vote réduit aux gouverneurs, au président de la Fed de New York et à quatre dirigeants régionaux, qui tournent chaque année.

Alors que la Fed maintient son taux directeur à quasi zéro depuis deux ans, et qu'elle ne cesse de promettre un taux «extrêmement bas» pour longtemps encore, l'enjeu actuel de la politique monétaire a trait aux rachats massifs de titres du Trésor et à la future «sortie de crise».

Après un débat mouvementé et de longues hésitations, le FOMC a annoncé début novembre que la Fed comptait racheter jusqu'à 600 milliards de dollars d'obligations du Trésor américain d'ici à fin juin.

Le but ultime de ce programme est de soutenir la reprise en stimulant la consommation des ménages et l'investissement des entreprises, grâce à la baisse des taux d'intérêts à long terme censée résulter de ces rachats.

Deux des adversaires de cette politique, Richard Fisher, président de la Fed de Dallas, et Charles Plosser, son homologue de Philadelphie, disposent cette année du droit de vote.

M. Plosser a redit mardi qu'il jugeait très dangereux de créer de nouveau de la monnaie (ce que fait la Fed en rachetant des obligations) en grande quantité.

Estimant que «l'unanimité n'est pas le mode de fonctionnement naturel dans la vie», il a confirmé son intention de faire entendre si nécessaire une voix discordante au sein du FOMC, mais a laissé entendre qu'il ne se placerait pas en opposant systématique.

Redisant ses «inquiétudes», M. Fisher a pour sa part indiqué lundi prévoir que ce programme sera «mené à son terme», l'amélioration de la conjoncture ne devant pas selon lui être suffisante pour amener le FOMC à réduire son soutien à l'économie.

Mis à part Thomas Hoenig (Kansas City), le «M. Non» de 2010, les autres membres du FOMC se sont déclarés favorables au maintien du cap actuel de la Fed, ou passent pour l'être.

MM. Fisher et Plosser craignent que les milliers de milliards de liquidités injectées par la Fed dans le circuit financier depuis le début de la crise n'entraînent une inflation galopante à terme.

M. Bernanke a redit vendredi que la Fed avait mis au point les outils devant lui permettre de reprendre ces sommes en temps utile pour éviter cela, mais M. Plosser ne croit pas à l'absolue précision de ces «instruments».

Pour réduire les risques au minimum, il souhaite freiner dès que possible le rythme des injections de liquidités en cas d'amélioration économique meilleure que prévue, choix auquel pourrait se rallier un autre dirigeant régional, James Bullard.