Le taux de chômage des États-Unis est tombé en décembre à 9,4%, son plus bas niveau depuis mai 2009, malgré une hausse décevante des créations d'emploi, selon des chiffres officiels publiés vendredi à Washington.

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Le taux de chômage américain a chuté en décembre à son plus bas niveau depuis mai 2009 mais cette baisse est trompeuse et n'apporte aucun espoir d'amélioration rapide de la situation de dizaines de millions d'Américains contraints à l'inactivité ou au sous-emploi.

Malgré une hausse des créations d'emploi décevante, le taux de chômage a baissé de 0,4 point par rapport à novembre pour s'établir à 9,4%, indique le rapport sur l'emploi du département du Travail publié vendredi.

Les analystes tablaient sur une baisse beaucoup moins marquée, de 0,1 point, selon leur prévision médiane.

Selon le ministère, l'économie américaine a créé 103 000 postes de plus qu'elle n'en a détruit en décembre.

Cela traduit une hausse des embauches nettes de 45% par rapport à celles de novembre, mais les analystes attendaient un chiffre de 150 000, seuil à partir duquel il est généralement convenu que l'on puisse commencer à espérer une baisse du chômage.

Le chiffre du chômage et celui des créations d'emplois sont obtenus à partir de deux études différentes, la première portant sur un échantillon de ménages, la seconde sur un échantillon d'entreprises, ce qui entraîne parfois des aberrations entre les deux données.

Ce décalage pourrait avoir été amplifié en décembre par des questions d'ajustement des facteurs saisonniers.

Un examen détaillé du rapport du ministère montre de plus que la baisse du chômage a résulté pour moitié d'une baisse de la population active provoquée entre autres par la non-comptabilisation d'un certain nombre de personnes sans emploi sorties des statistiques pour diverses raisons.

«Ces chiffres peuvent fluctuer d'un mois à l'autre, mais la tendance est nette. Il y a eu douze mois de suite de croissance de l'emploi dans le secteur privé. C'est la première fois depuis 2006» et cela «signifie que le rythme d'embauches est en train d'augmenter, a jugé le président américain Barack Obama.

Néanmoins, même s'il a augmenté de 0,1 point par rapport à novembre, le pourcentage d'Américains en âge de travailler ayant un emploi apparaît tout juste égal à ce qu'il était en octobre: 58,3%.

«Nous avons des raisons de penser que le taux de chômage empirera de nouveau dans un avenir proche avant de s'améliorer», a indiqué Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight.

Témoignant devant la Commission budgétaire du Sénat américain après la publication des chiffres du ministère, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a redit qu'«un temps considérable», peut-être «quatre ou cinq ans», «devrait s'écouler avant que le taux de chômage ne revienne à un niveau plus normal».

Le chef de la banque centrale a dit voir des signes d'établissement d'une croissance économique autonome, c'est-à-dire capable de s'entretenir elle-même sans le secours des pouvoirs publics.

«Le rythme de la croissance économique devrait probablement être modérément plus fort en 2011 qu'il ne l'a été en 2010», mais celle-ci reste lente, ce qui justifie le maintien d'une politique monétaire ultra-accommodante, a ajouté M. Bernanke.

Selon les chiffres officiels, les États-Unis n'ont regagné que 1,1 million d'emplois en 2010, sur les 8,5 millions perdus en 2008 et 2009.

«Les entreprises continuent d'embaucher à un rythme prudent», fait remarquer Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, pour qui le chômage ne devrait pas baisser véritablement avant l'été.