Au moment où les Américains se prononçaient en grand nombre hier sur la composition de leur gouvernement à Washington, les experts s'interrogeaient toujours sur l'impact économique de ces élections.

Quels que soient les résultats, on redoute surtout les effets d'une impasse politique entre l'administration Obama et les républicains enhardis à Washington.

Notamment, on voit d'un mauvais oeil un éventuel blocage de toute nouvelle aide à une économie américaine coincée entre une croissance modeste et un taux de chômage élevé. Le Congrès est également susceptible de créer de l'incertitude paralysante chez les investisseurs et les entreprises à cause de chicanes à propos des impôts, des déficits, des soins de santé et de la réglementation financière.

«Nous prévoyons une impasse totale et peu de coopération», écrit Brian Gardner, analyste de la firme financière Keefe, Bruyette&Woods, à Washington.

Voici un rappel des grands enjeux économiques aux États-Unis:

Économie

Dans son programme, le Parti républicain a promis de s'opposer à des dépenses additionnelles pour stimuler l'économie. Ainsi, le projet du président Obama de consacrer 50 milliards US aux routes, aux chemins de fer et aux aéroports, par exemple, est probablement mort. Et le nouveau Congrès pourrait ne pas vouloir continuer à fournir des prestations à 6,1 millions d'Américains au chômage depuis longtemps, à tout le moins sans sabrer ailleurs dans le budget.

Santé

Les républicains ont aussi promis d'abroger l'imposante loi sur les soins de santé du président Obama et ils tenteront probablement de diminuer la portée de la refonte de la réglementation financière adoptée par le Congrès démocrate l'été dernier.

Les entreprises de soins de santé, les assureurs et les banques accueilleraient volontiers cette initiative. Mais les républicains n'auront probablement pas assez de votes pour passer outre à un veto présidentiel.

Bourse

Wall Street conteste la notion voulant que l'impasse politique soit une bonne chose pour les marchés boursiers.

Après avoir étudié les marchés boursiers et les résultats d'élections depuis 1950, Fidelity Investments conclut que les actions grimpent au cours de l'année suivant les élections de mi-mandat, avec ou sans un gouvernement divisé.

Les actions des petites entreprises ont bondi de 46% en moyenne au cours de l'année suivant les élections de mi-mandat qui assurent à un seul parti le contrôle du Congrès et de la Maison-Blanche, montrent les recherches de Fidelity. Cela se compare à une progression d'environ 24% lorsque le gouvernement est divisé. Les actions des grandes entreprises présentent une performance à peu près semblable quel que soit le résultat des élections.

Fiscalité

Il semble que les deux partis se dirigent vers une entente pour prolonger les allégements fiscaux adoptés pendant le premier mandat de George W. Bush, allégements qui doivent prendre fin le 31 décembre prochain. Le président Obama souhaite les renouveler uniquement pour les familles gagnant moins de 250 000$ par année.

Selon lui, le gouvernement, qui a inscrit un déficit de 1300 milliards US au cours de son exercice tout juste terminé, n'a pas les moyens de continuer à accorder également aux riches les allégements fiscaux. Pour leur part, les républicains veulent que ces allégements se poursuivent pour tous les contribuables.

«L'impasse à court terme est très mauvaise», estiment des analystes de Bank of America dans un rapport sur les élections. «Dans le difficile contexte qui prévaut aujourd'hui, l'inaction est dangereuse», ajoutent-ils.