L'ex-président américain Bill Clinton n'adhère pas au discours du premier ministre Stephen Harper selon lequel il n'existe pas d'impôt positif.

Alors qu'il prenait la parole à Ottawa vendredi devant un auditoire composé de députés conservateurs, du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, et de dirigeants d'entreprises, M. Clinton a dénoncé la mentalité de plus en plus individualiste qui prévaut aux États-Unis et l'écart grandissant des inégalités.

Celui qui jouit d'un accueil très favorable au Canada a d'ailleurs énuméré une série de statistiques sur le sujet. Par exemple, il a affirmé que la richesse détenue par dix pour cent de la population avait atteint des sommets alors que le reste de la population se contentait du reste.

Bill Clinton, qui a prononcé son discours au Centre national des arts qui était par ailleurs bondé, ne s'appauvrit pas. Les billets pour assister à la conférence de vendredi à Ottawa, qui a commencé avec 30 minutes de retard, se sont vendus à 179 $ l'unité.

À la blague, il a lancé qu'il était l'un des seuls Américains se trouvant dans l'échelle supérieure des revenus qui croit que cet écart est une mauvaise chose. «Il y a trop d'inégalités. Cela ne peut pas durer», a-t-il affirmé.

Mais c'est lors de la période de questions avec l'ex-premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank McKenna, qu'il a critiqué la nouvelle forme de conservatisme qui a émergé selon lui au cours des 30 dernières années. C'est d'ailleurs celle-ci, dit-il, qui a mené à l'écart de plus en plus important des revenus.

Alors que les présidents républicains comme Richard Nixon croyaient toujours en la nécessité de l'action gouvernementale, a soutenu M. Clinton, Ronald Reagan a été porté au pouvoir en 1980 avec un message selon lequel tout gouvernement pose problème et qu'«il n'existe pas d'impôt positif» ou que tout impôt est mauvais.

Une philosophie épousée Stephen Harper l'an dernier alors qu'il a affirmé au Globe and Mail qu'il existait deux écoles de pensée au sujet des impôts, soit une selon laquelle il existe des impôts positifs et l'autre qui fait la promotion du contraire. «Je me situe dans la deuxième catégorie. Je ne crois pas qu'il existe des impôts qui soient positifs», a-t-il affirmé au quotidien.

Au sujet des élections de mi-mandat qui se tiendront la semaine prochaine dans son pays, Bill Clinton a affirmé que celles-ci se sont transformées en référendum sur la frustration et la colère de la population concernant l'économie.

Selon les analystes, celles-ci devraient éroder le poids politique de la formation de Barack Obama au sein du Congrès et du Sénat.

Le démocrate, qui est de passage au Canada alors qu'il prend une pause dans la campagne effrénée qu'il mène aux quatre coins des États-Unis, a soutenu que les Américains qui votent pour les démocrates le font pour qu'ils réparent les pots cassés.

Mais Bill Clinton s'est dit très optimiste quant aux résultats du scrutin, affirmant que les démocrates pouvaient garder la main haute sur les républicains à la Chambre des représentants.