Quatre départs en trois mois: l'équipe économique du président américain Barack Obama prend l'eau à l'approche des législatives, mais le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, dont la position semble renforcée par ces démissions, reste fidèle au poste.

Après Peter Orszag, directeur du budget de la Maison-Blanche, et Christina Romer, présidente du Conseil des conseillers économiques du président, qui ont abandonné leurs fonctions pendant l'été, c'est Lawrence Summers, premier conseiller économique de M. Obama, qui a annoncé mardi son intention de partir à la fin de l'annnée.

Annoncée mercredi, la quatrième démission, celle de Herbert Allison, sous-secrétaire adjoint au Trésor chargé de la stabilité financière, porte moins à conséquence: M. Allison supervise le plan de sauvetage du système financier lancé à l'automne 2008 et devant être mis en sommeil le 3 octobre.

De la garde rapprochée initiale de M. Obama pour les questions économiques, il ne reste plus que M. Geithner.

Serviteur fidèle, le ministre des Finances a fait l'essentiel de sa carrière dans l'administration et à des postes gouvernementaux. Il ne cesse de répéter qu'il restera au Trésor «tant que le président voudra» de lui, manière aussi de reconnaître qu'il est un fusible pouvant lâcher à tout moment.

M. Obama qui l'a toujours défendu haut et fort contre l'opposition, qui réclame sa tête depuis de longs mois, a encore fait son éloge mardi en déclarant qu'il avait «fait un travail remarquable» face à la crise économique dévastatrice dont ils avaient hérité à leur arrivée.

Mme Romer a été remplacée par son adjoint, Austan Goolsbee, et le processus de confirmation du successeur désigné de M. Orszag, Jacob Lew (qui retrouverait ainsi un poste qu'il a déjà occupé de 1998 à 2001), avance au Congrès.

Alors que s'approchent les élections législatives du 2 novembre, pour lesquelles la majorité apparaît en difficulté, le choix du successeur de M. Summers pourrait envoyer un signal symbolique sur la politique économique voulue par M. Obama.

La situation de l'économie est l'un des thèmes majeurs de la campagne, et M. Obama est accusé par les républicains de mener le pays à la faillite en aggravant l'endettement sans parvenir à faire remonter l'emploi. L'opposition la plus radicale présente M. Obama régulièrement comme un «socialiste» - ce qui est presque une insulte aux États-Unis - opposé au monde de l'entreprise.

La presse américaine commence à dire que le président pourrait choisir de remplacer M. Summers, professeur d'Université, par un représentant du monde des affaires, comme Anne Mulcahy, ancienne directrice générale de Xerox.

Mais pour le professeur d'économie Peter Morici, celle-ci «n'aurait pas la formation suffisante pour conseiller efficacement le président sur la gamme de sujets complexes» dont le poste laissé par M. Summers exige la maîtrise.

Le Wall Street Journal rapportait mercredi que «les dirigeants d'entreprises se plaignent depuis longtemps de n'avoir personne proche de la Maison-Blanche qui comprenne leur position».

M. Summers est pourtant réputé pour être proche de Wall Street, ce qui lui vaut d'être la bête noire des libéraux, l'aile gauche du parti démocrate.

Lors de son passage au Trésor dans les années 90, il a été l'un des artisans de la dérégulation financière dont les excès ont été à l'origine de la dernière crise. Le New York Times avait révélé en avril 2009 qu'il avait touché 7,7 millions de dollars l'année précédente au titre de prestations réalisées pour le compte d'un fonds spéculatif et de grandes banques.