Lawrence Summers, qui a annoncé mardi son intention de quitter la Maison-Blanche après avoir servi deux présidents démocrates dans des conjonctures radicalement différentes, est un économiste connu pour avoir un caractère aussi abrupt que son esprit est vif.

M. Summers, qui aura 56 ans à la fin du mois de novembre, est le principal conseiller économique du président américain Barack Obama depuis que celui-ci a pris ses fonctions en janvier 2009.

Il a été à ce titre le père du plan de relance budgétaire promulgué le mois suivant pour aider l'économie américaine à passer le cap de ce que les économistes appellent désormais la Grande Récession (décembre 2007-juin 2009).

M. Summers est un habitué du pouvoir puisqu'il a été secrétaire au Trésor du président Bill Clinton de 1999 à 2001.

Entré au Trésor en 1993, comme sous-secrétaire chargé des Affaires internationales, il a grandi sous l'aile de l'un des artisans de la déréglementation financière, Robert Rubin, son prédécesseur au Trésor dont il est devenu l'adjoint en 1995.

Il a lui-même favorisé l'ascension de l'actuel secrétaire au Trésor, Timothy Geithner.

Sûr de lui et pouvant se montrer extrêmement cassant, M. Summers passe pour avoir très mal pris la décision prise par M. Obama à l'été 2009 de reconduire Ben Bernanke à la tête de la banque centrale (Fed) alors qu'il lorgnait son poste.

La presse américaine a rapporté à plusieurs reprise cette semaine qu'il vivait mal aussi le fait de voir le président Obama préférer les conseils de M. Geithner aux siens sur plusieurs sujets.

À son arrivée dans l'aile ouest de la Maison-Blanche, beaucoup estimaient que M. Summers dirigerait le Trésor à distance. Mais M. Geithner s'est affranchi de son mentor, auquel il a rendu mardi un hommage plutôt plat en relevant son goût pour les débats «rudes».

Diplômé d'un doctorat d'économie de Harvard, M. Summers a été le plus jeune professeur d'université des États-Unis, à l'âge de 28 ans.

Après avoir passé une dizaine d'années à enseigner au Massachussets Institute of Technology (MIT) et à l'université de Harvard, M. Summers a été l'économiste en chef de la Banque mondiale de 1991 à 1993.

Durant ses années au Trésor, cet homme bien en chair définira notamment la réponse des États-Unis à des crises financières dans les pays émergents, comme le Mexique ou la Corée du Sud. À la tête du ministère, il consacrera le retour aux excédents budgétaires.

M. Summers a annoncé son intention de retourner enseigner à Harvard, où il enseignait avant de rejoindre M. Obama et dont il fut président de 2001 jusqu'à sa démission en 2006.

Il laisse de son passage à la tête de cette université prestigieuse le souvenir d'un projet de réforme qu'il ne parvint jamais à faire adopter et celui d'une polémique née après qu'il eut jugé les femmes moins aptes à la recherche fondamentale que les hommes.

Marié en deuxièmes noces à Elisa New, professeur d'anglais à Harvard épousée en 2005, M. Summers a eu trois enfants de son premier mariage.